L’actualité culturelle protestante a été particulièrement riche ces derniers mois, avec les animations du Musée du Désert liées à son centenaire (travaux d’agrandissement, inauguration d’une nouvelle entrée, visites, conférence sur Marie Durand, assemblées de nuit, visite officielle du président de la République en octobre, etc.), l’émergence d’un tourisme culturel avec le chemin des Huguenots qui s’esquisse de Poët-Laval à Bad Karlshafen, une participation plus large d’ouverture des temples lors des journées du patrimoine, la parution du livre d’Anne Cendre sur les rues protestantes de Paris.
Rousseau
Les origines familiales de Jean-Jacques Rousseau
Post tenebras lux. Le siècle des Lumières est en grande partie l’un des aboutissements du Refuge protestant qui remonte au XVIe siècle. Le cas singulier de Jean-Jacques Rousseau, « citoyen de Genève », en fournit l’illustration. Les Rousseau étaient les rejetons de ce Refuge protestant, qui étendait à l’Europe et à l’Amérique ses ramifications. Comme tant de Genevois, Rousseau avait pour ancêtres ces Français » réfugiés pour la foi » qui, dès le siècle des Réformes, avaient couvert l’Europe de leurs établissements, de Londres à Amsterdam, d’Amsterdam à Strasbourg et à Francfort, de Francfort à Genève… La mobilité est d’abord familiale. Presque génétique. On ne naît quelque part que par l’un de ces accidents de l’histoire, transformés en Providence. Rousseau fut à la fois le plus providentiel des Genevois, et le plus inclassable.
Affaire de lignage si l’on veut. Comme Robinson Crusoë, le personnage créé par Daniel Defoe, Jean-Jacques fut un fils prodigue. Du côté paternel, il descendait d’une famille, installée sur les bords du Léman du temps de la Réforme. Natif de Montlhéry, non loin de Paris, son quadrisaïeul Didier Rousseau avait été reçu comme habitant de Genève le 15 octobre 1549. Il s’était d’abord installé comme marchand de vin, à l’enseigne de La Main. Six ans plus tard, il était reçu bourgeois de la ville, en compagnie de plusieurs Français, favorables à Calvin. Il reprit alors la profession paternelle de libraire, tout en tenant une auberge, à l’enseigne cette fois-ci de l’Épée couronnée. Il devait épouser en seconde noce Mie Miège, originaire de Contamine-sur-Arve, en Savoie. Il mourut en 1581, en laissant un fils, Jean Rousseau, trisaïeul de Jean-Jacques, mis en apprentissage chez un tanneur.