L’histoire des plantes et des jardins présente des liens étonnamment forts avec le protestantisme français et ses ramifications internationales. Le Refuge huguenot y a contribué, bien entendu, par la nécessité de se nourrir en terre étrangère et l’opportunité de faire un commerce de produits végétaux insolites.
Par la nostalgie aussi, sans aucun doute, puisque les bonnes vieilles recettes de cuisine française requièrent des plantes aromatiques précises pour avoir le goût de chez soi. C’est ainsi que les huguenots de Fredericia apportèrent le persil au Danemark…
A Genève même, les réfugiés du midi de la France étaient les premiers à pratiquer le maraîchage comme une profession à part ; ils ont introduit la bette à côtes et le cardon si typique de la cuisine genevoise. A Berlin, il y a 300 ans, on se moquait certes de ces huguenots « gobes-grenouilles » et « mangeurs de haricots » mais on ne tardait pas à les imiter en plantant le chou-fleur, le petit pois, les asperges, le haricot justement, et dans des endroits abrités même l’artichaut et le melon. Un peu plus au nord-est, dans le Brandebourg, les champs de tabac marquent le paysage, de nos jours encore, d’une empreinte remontant à l’accueil des Réfugiés huguenots. En Irlande, les huguenots ont grandement stimulé le commerce des fleurs coupées au XVIIIe siècle. Les vins d’Afrique du Sud, vendus maintenant dans le monde entier, font partie, eux aussi, de l’histoire culturelle du Refuge huguenot.