Le 16 décembre 1620, il vient juste d’y avoir 400 ans, Guillaume de Nautonier s’éteint dans son château de Castelfranc, situé sur la commune de Montredon-Labessonié, dans le département du Tarn.
Issu d’une famille aisée de commerçants du Rouergue, récemment anoblie, Guillaume Nautonier naît le 10 août 1560, près d’Albi, à la toute fin du règne de François II. Son père, qui a embrassé très tôt la religion réformée, le destine à l’état ecclésiastique. Il l’envoie à Lausanne pour s’y former à la théologie. Nautonier entame parallèlement des recherches mathématiques et dans le domaine de l’astronomie.
Il voyage aussi à travers l’Europe au Portugal, en Hollande, en Italie, au Danemark, pour approfondir ses recherches. A son retour en France en 1590 un an après l’accession au trône d’Henri IV, il est nommé pasteur à Réalmont. Il participe activement aux synodes régionaux et nationaux.
En 1593, Nautonier publie son premier ouvrage intitulé « Excellents proverbes composés par leRoy Salomon et réduits en lieuxcommuns selon l’ordre de l’alphabetpour le soulagement des lecteurs».
Christophe-Philippe Oberkampf, né en 1738 dans le Würtemberg, est élevé en Suisse. Dès 11 ans et demi il se forme auprès de son père, teinturier grand tein de bleu sur toile blanche à Aarau, puis comme graveur chez Koechlin-Dollfus à Mulhouse. Il arrive à Paris en 1758, embauché comme graveur puis coloriste à la petite manufacture de toiles peintes Cottin (située à l’emplacement actuel de la bibliothèque de l’Arsenal).
En 1759, le port des vêtements en « indienne« , interdits par protectionnisme, mais fort à la mode, sont autorisés en France : Oberkampf crée alors sa propre manufacture d’indiennes, à proximité des Gobelins.
Mais il voit plus grand. Un an plus tard, il se rapproche de Versailles où la cour constituera sa clientèle, et fonde toujours sur la Bièvre la manufacture de Jouy–en-Josas, dont il accroit ensuite le domaine.
Oberkampf obtient la nationalité française en 1770.
La pratique religieuse n’est autorisée officiellement pour les protestants français qu’en 1789. Il se marie clandestinement à la chapelle de Suède en 1774, puis veuf, son second mariage est célébré en 1781 à la chapelle de Hollande avec, exceptionnellement, un brevet de permission royal !
Une récente conférence proposée par notre ami Edgar Soulié nous a permis de redécouvrir la personnalité de Johannes Kepler.
Kepler naît en décembre 1571 au sein d’une famille protestante, luthérienne, installée dans le Wurtemberg.
Les aptitudes intellectuelles de Johannes s’étant manifestées pendant ses études à « l’école allemande », il poursuit ses études au séminaire protestant. Ses parents lui font découvrir l’astronomie. Ainsi, à peine âgé de 6 ans, sa mère l’emmène en haut d’une colline pour observer le passage d’une comète. De son côté, son père lui montre l’éclipse de lune du 31janvier1580, et comment cette dernière devint toute rouge. Kepler étudiera plus tard ce phénomène et l’expliquera dans l’un de ses ouvrages sur l’optique.
Combien de huguenots s’exilèrent-ils à Londres à l’époque de la Révocation de l’Edit de Nantes ? Ils auraient été entre 20 000 et 25 000 au début du XVIIIe siècle !
Un récent colloque a évoqué cet héritage : des personnalités marquantes comme celle du pasteur Daniel Chamier, de scientifiques comme Papin, médecins comme Chamberlen l’inventeur des forceps, ou l’acteur shakespearien David Garrick.
Une charte accordée par le roi Edouard VI en 1548 par le roi Edouard VI au réformateur polonais Johann a Lasco pour l’établissement d’églises étrangères, facilita la fondation d’églises réformées françaises. Les plus importantes furent celle de Savoy dans le quartier de Westminster, et de Threadneedle Street dans la City.
Le faubourg de Spitalfields attira les artisans de la soie et de la mode. Tisserands, tailleurs, chapeliers, modistes, perruquiers, merciers, tapissiers, fabricants de mouchoirs et d’éventails développèrent leur industrie de pair avec toute une économie du quotidien et des métiers de bouche (vins, fromages, pain). Des rues anciennes -comme Fleur de Lys Street ou Elder Street, la rue des Anciens- évoquent encore ces huguenots.
Les plus prospères créèrent pour la main d’œuvre ouvrière, souvent misérable, des caisses de solidarité et des écoles.
Ils firent édifier une trentaine de temples. Certains subsistent, mais leur changement de destination témoigne de l’assimilation des Huguenots et des vagues successives d’immigration qu’a connu Londres : la dernière ← synagogue de Spitalfields occupe l’ancien temple de l’Artillerie (Sandys Row) ; un temple de Brick Lane précédé d’un minaret d’aluminium est devenu mosquée, après avoir été synagogue, un autre utilisé un temps par des baptistes, puis des méthodistes (Hanbury Street), abrite de nos jours un marché de vêtements d’occasion…
Pour les huguenots, se posa au XVIIIes la question de rester dans la non-conformité des églises protestantes non anglicanes (églises réformées françaises, mais aussi Quakers et baptistes) … ou d’opter pour la conformité, c’est à dire intégrer l’église anglicane… ce qui donnait accès aux droits civiques et commerciaux, ainsi qu’à l’aide pécuniaire royale (royal bounty).
L’histoire des plantes et des jardins présente des liens étonnamment forts avec le protestantisme français et ses ramifications internationales. Le Refuge huguenot y a contribué, bien entendu, par la nécessité de se nourrir en terre étrangère et l’opportunité de faire un commerce de produits végétaux insolites.
Par la nostalgie aussi, sans aucun doute, puisque les bonnes vieilles recettes de cuisine française requièrent des plantes aromatiques précises pour avoir le goût de chez soi. C’est ainsi que les huguenots de Fredericia apportèrent le persil au Danemark…
A Genève même, les réfugiés du midi de la France étaient les premiers à pratiquer le maraîchage comme une profession à part ; ils ont introduit la bette à côtes et le cardon si typique de la cuisine genevoise. A Berlin, il y a 300 ans, on se moquait certes de ces huguenots « gobes-grenouilles » et « mangeurs de haricots » mais on ne tardait pas à les imiter en plantant le chou-fleur, le petit pois, les asperges, le haricot justement, et dans des endroits abrités même l’artichaut et le melon. Un peu plus au nord-est, dans le Brandebourg, les champs de tabac marquent le paysage, de nos jours encore, d’une empreinte remontant à l’accueil des Réfugiés huguenots. En Irlande, les huguenots ont grandement stimulé le commerce des fleurs coupées au XVIIIe siècle. Les vins d’Afrique du Sud, vendus maintenant dans le monde entier, font partie, eux aussi, de l’histoire culturelle du Refuge huguenot.
La personne à laquelle je veux rendre hommage aujourd’hui pour son talent et la notoriété de ce talent, mais surtout pour son courage spirituel et politique est Monsieur Emile Gallé.
On dit qu’il est l’homme qui a maîtrisé les aléas du feu !
Certains l’ont présenté comme le Bernard Palissy du XXe siècle. Gallé lui-même considérait Palissy comme un ancêtre, comme l’un des patrons de l’art français du FEU, un symboliste de l’art de la TERRE. Il dit de lui qu’il avait le véritable vœu d’initier les hommes, par des reproductions de la nature, à VOIR DIEU A TRAVERS LES SIMILITUDES ET LES BEAUTES DE SES ŒUVRES LES PLUS HAUTES. Emile Gallé est de cette trempe là.
Voici cent ans, Louis Breguet , un jeune ingénieur et industriel protestant conçoit en 1907, à Douai, le premier appareil à voilure tournante, « le Gyroplane n°1 ». Il l’a doté de 4 ailes de 8 mètres de diamètre et d’un moteur de 40 chevaux. Au second essai l’appareil se soulève d’1 mètre 50, mais ne peut se diriger et se brise en touchant terre.
En 1908, Louis Bréguet lance son « Gyroplane n°2 » équipé d’une voilure fixe planante et de deux rotors inclinés sur l’avant. Il s’élève de 4 mètres sur une distance d’environ 100 mètres… Mais une tempête détruit le prototype dans son hangar.
« Si je passais un peigne profondément et avec force dans les cheveux de cette jeune fille, je les lui arracherais tous » s’exclama un jour Josué Heilmann, s’arrêtant devant une jeune ouvrière sans doute mal peignée qui œuvrait sur une machine textile… »Mais si je commençais par les pointes, petit à petit, je les démêlerais sans peine… C’est cela qu’il faut faire ».
C’est ainsi, sur cette constatation, et avec force de travail et d’essais, qu’il découvrit sa peigneuse mécanique, invention majeure dans le domaine du textile, qu’il appliqua par la suite également à la bourre de soie. On raconte aussi qu’il s’exerçait de longues soirées démêlant la chevelure de son épouse, tout en écoutant ses conseils de brodeuse passionnée. Elle a eu, paraît-il, un rôle prépondérant.