1811-2011 : Le temple de l’Oratoire du Louvre célèbre le bicentenaire de son affectation au consistoire réformé de Paris par Napoléon

Une exposition « Deux cents ans de protestantisme à Paris »a mis en scène dans le temple de l’Oratoire du Louvre, 145 rue Saint-Honoré, du 14 octobre au 13 novembre, différentes facettes du protestantisme parisien depuis 2 siècles.

En 1811, en effet, Napoléon attribue aux protestants l’église de l’Oratoire du Louvre[en remplacement de Saint-Louis du Louvre où les réformés célébraient le culte depuis 1790], située au cœur de Paris, à deux pas de la résidence impériale des Tuileries. Le Concordat et les Articles organiques de 1802 ont doté les religions de structures institutionnelles : les pasteurs sont rétribués par l’Etat, les protestants parisiens représentés par un consistoire de 12 membres désignés parmi les « notables ».

La Discipline collégiale héritée de Calvin, en est fondamentalement modifiée, mais après plus d’un siècle de persécutions et de clandestinité, les protestants saluent cette reconnaissance citoyenne. Plus tard, ils participeront favorablement à l’élaboration de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat qui entérinera leur liberté de culte en 1905.

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Marie Durand

Photo de la maison de la famille Durand au Bouschet de Pranles
MAISON DE LA FAMILLE DURAND AU BOUSCHET DE PRANLES, MUSEE DU VIVARAIS PROTESTANT

En Allemagne, dans une petite ville du Land de Hesse, Bad Karlshafen, l’école s’appelle Schule Marie Durand. En France même, il y a deux écoles privées qui portent ce nom, une à Nîmes, l’autre à Marseille, ainsi qu’un lycée public, le lycée agricole de Nîmes. On trouve aussi une rue Marie Durand à Montpellier et une maison de retraite en Alsace. Si cette année on commémore le troisième centenaire de la naissance de Marie Durand, en 1711, si elle est inscrite au titre des célébrations nationales, si on donne son nom à des institutions, c’est que par sa vie, cette femme a pris une grande valeur symbolique.

Il faut d’abord rappeler qui elle est. Elle est donc née en 1711, au Bouschet-de-Pranles, dans le Vivarais, au nord de Privas. Son père, Etienne Durand, est « greffier-consulaire » en même temps que propriétaire terrien. La magnifique maison forte du XVe siècle qu’ils habitaient est aujourd’hui le Musée du Vivarais protestant. Marie a un frère aîné, Pierre, né en 1700. Ils reçoivent tous deux une instruction poussée, sur laquelle on ne sait rien mais qui permet à Pierre, dès l’âge de 16 ans, d’assister les pasteurs clandestins, avant de parfaire ses études de théologie en Suisse. Quant à Marie, on peut juger de son haut niveau d’instruction par sa correspondance. Les deux enfants doivent se rendre à la messe catholique et suivre la catéchisme, mais ils reçoivent à la maison une éducation protestante.

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Le Risorgimento et les protestants

mosaïque de Jones Burnes représentant Garibaldi en "Chevalier de la foi"
BURNES JONES, MOSAÏQUE
GARIBALDI (2eme à partir de la gauche)

 

L’Italie célèbre depuis mars 2011, les 150 ans de son unité ; les protestants italiens s’associent largement à cet anniversaire et nombreuses sont les conférences et expositions sur les liens entre Risorgimento et protestantisme.

Voyons pourquoi, grâce notamment à l’ouvrage clé du grand historien Giorgio Spini « Risorgimento e protestanti ».

 

Après la chute de Napoléon Ier, la liberté accordée aux protestants des vallées vaudoises est anéantie, les voici confinés dans leur ghetto alpestre. C’est grâce aux entrepreneurs suisses comme à Bergame, Florence, Naples ou Gênes, aux négociants anglais à Livourne, Florence  Rome ou Palerme, que les idées protestantes se diffusent à travers la péninsule. La pensée protestante circule sous l’influence du courant piétiste du Réveil mais aussi des idées libérales développées par Benjamin Constant ou Gian Pietro Vieusseux, le directeur protestant du cabinet littéraire de Florence. Le cabinet littéraire de Vieusseux est l’un des centres majeurs de la conscience nationale italienne au XIX e siècle et tous les grands réformateurs politiques toscans en firent partie.

Les résidents suisses et les britanniques se font le relais des sociétés bibliques britanniques et déchargent clandestinement des Bibles, traduites en italien, dans les ports de Livourne, de Gênes ou de Sicile. Ils ouvrent des chapelles qui vont devenir, malgré l’interdiction de prosélytisme, des foyers d’évangélisation.

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Nouvelles du protestantisme français (Lettre N°48)

L’actualité culturelle protestante a été particulièrement riche ces derniers mois, avec les animations du Musée du Désert liées à son centenaire (travaux d’agrandissement, inauguration d’une nouvelle entrée, visites, conférence sur Marie Durand, assemblées de nuit, visite officielle du président de la République en octobre, etc.), l’émergence d’un tourisme culturel avec le chemin des Huguenots qui s’esquisse de Poët-Laval à Bad Karlshafen, une participation plus large d’ouverture des temples lors des journées du patrimoine, la parution du livre d’Anne Cendre sur les rues protestantes de Paris.

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Le temple-musée de Lemé en Thérache

Nous ouvrons cette année la sixième saison au Temple Musée de Lemé en Thiérache, au Nord du département de l’Aisne. Au cœur du territoire rural de la Thiérache célèbre pour ses églises fortifiées, le musée présente l’histoire de la Réforme protestante et son impact sur la région. Au Nord-est de la Picardie, ce terroir était … Lire la suite

Philippe Canaye, sieur de Fresnes : un huguenot au pays du sultan

Lors de l’été 1572, un jeune protestant, Philippe Canaye, termine un séjour d’études à Venise après quelques années passées en Allemagne. Une lettre de son père, avocat à Paris, lui apprend le massacre de la Saint Barthélémy. Il décide donc de retarder son retour en France et d’accompagner à Constantinople, l’ambassadeur français. Pendant une année, … Lire la suite

Le chemin des huguenots – Le Plessis Mornay – à la recherche d’une communauté oubliée

gravure de Philippe de Mornay, seigneur du PlessisEn 1559, Philippe de Mornay devint seigneur du Plessis. Il hérita de sa grand-tante maternelle d’un domaine : le Plessis-Marly, à Longvilliers dans les Yvelines. Il était donc paradoxal que la présence de protestants dans cette région soit toujours niée. De récentes recherches prouvent le contraire.

En 1601, le culte est établi au Plessis par Philippe de Mornay et Charlotte Arbalesque son épouse, conformément à la clause de l’édit de Nantes autorisant deux temples par baillage. Le temple a pu être édifié dès cette date. Il y avait aussi un cimetière. Maurice de Lauberan, Jacques Rondeau, Joseph Hammer furent les pasteurs de la paroisse.

50 familles, soit 200 à 250 personnes, tant du Plessis que des hameaux et villages alentours, Bouc-Etourdy, Saint Arnoult, Sermaise, Orcemont, Dourdan, forment cette communauté rurale qui semble avoir entretenu de bons rapports avec ses voisins catholiques. On y trouve des gentilshommes, dont à partir de 1664 les Chartier-Le Faucheux nouveaux propriétaires et seigneur du domaine, leur fermier, des marchands, des vignerons, un armurier, mais surtout pour plus du tiers, des ouvriers en soie. C’était l’activité de la ville proche de Dourdan qui bénéficiait d’un privilège accordé par Colbert pour la confection des bas. Colbert avait fait installer au château de Madrid (à Neuilly) une magnanerie et une manufacture de bas de soie au métier où plusieurs maitres de Dourdan ont été formés. Certains sont aussi installés à Paris dans l’enclos du Temple ; parmi eux, un maitre anglais, Richard King : des relations existent donc avec Paris et l’Angleterre. Il est possible que des muriers aient été cultivés dans la région…

Les premières persécutions s’abattent dès 1683, la rente du pasteur est donnée à l’Hôtel Dieu de Dourdan, le consistoire surveillé. Le 24 octobre 1685, sur ordre de Bazin de Bezon, intendant de la généralité d’Orléans, le temple est abattu, le cimetière détruit. En novembre, 52 personnes vont abjurer collectivement, principalement des femmes et leurs enfants.

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Le protestantisme réformé à Lyon : un peu d’histoire et des projets pour aujourd’hui et demain

La présence protestante à Lyon remonte aux débuts de la Réforme. Lyon a été une ville où le protestantisme s’est installé dès le XVIe siècle. Entre cette période troublée et la Révolution française, la communauté protestante a connu beaucoup de péripéties, comme dans beaucoup de villes du Royaume de France. Je fais maintenant un grand … Lire la suite

A 450 ans du colloque de Poissy, hommage à Michel de l’hospital, chancelier de France

Nous voulons aujourd’hui rendre hommage à Michel de l’Hospital, chancelier de France, un très grand français qui est mort de tristesse quelques mois après le massacre de la Saint Barthelemy, sans entrevoir l’aboutissement de ses efforts, que sera l’édit de Nantes, 25 ans plus tard. Il y a 450 ans, à l’automne 1561, près de … Lire la suite

Nouvelles du protestantisme français(Lettre N°47)

Le centenaire du scoutisme unioniste protestant, introduit en 1911 en France par les UCJG (Unions chrétiennes de jeunes gens) et la Mission populaire évangélique est marqué cet été par 10 rassemblements régionaux de 500 jeunes (dont un à Saint-Germain-en-Laye). Le samedi 8 octobre 2011, à 15h30, un « culte du centenaire », sera célébré au temple de … Lire la suite