Théophile-Alexandre Steinlen,(1859-1923), une exposition présentée au Musée de Montmartre, à Paris (Lettre 72)

par Christiane Guttinger

Affiche de l'exposition Steinlen : portrait d'une femme en bleu.De l’artiste Théophile Steinlen, nous connaissons les croquis de chats saisis sur le vif et l’affiche emblématique du cabaret du Chat Noir. L’exposition monographique qui lui est actuellement consacrée au Musée de Montmartre[1], à l’occasion du centenaire de sa mort, révèle un artiste complet, protéiforme, dessinateur, graveur, affichiste, peintre et sculpteur.

Suisse, né dans une famille bourgeoise de Vevey, Steinlen abandonne au bout de deux ans[2] des études de théologie entreprises à l’académie de Lausanne. A Mulhouse où l’accueille un de ses oncles il s’initie au dessin d’ornement industriel, à la gravure destinée à l’impression sur étoffes. Mais il aspire à plus de liberté ! En 1881, il débarque à Paris avec sa future femme et quelques sous en poche. et s’installe sur la Butte Montmartre.

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Benjamin Delessert,une personnalité éclairée qui a marqué la botanique, l’industrie et la politique sociale des débuts du XIXème siècle (Lettre 72)

par Christiane Guttinger

Affiche de l'exposition de la bibliothèque botanique : une fleur avec un papillon.Les 250 ans de la naissance de Benjamin Delessert, à Lyon en 1773, sont commémorés à la bibliothèque Mazarine [1] par une exposition dédiée à sa collection botanique.

La passion pour la botanique est partagée par cette famille huguenote exilée depuis la Révocation dans le Canton de Vaud, active dans la banque et l’industrie à Genève, Lyon et Paris au XVIIIe siècle. La mère de Benjamin est déjà destinataire des Lettres sur la botanique de Jean-Jacques Rousseau (1773). Son frère aîné Etienne, et Benjamin correspondent avec des botanistes et explorateurs du monde entier, enrichissant les herbiers par des échanges et achats dans un but scientifique affirmé. Benjamin s’associe avec le genevois Augustin-Pyrame de Candolle à la parution [2] de cinq luxueux volumes, illustrés de planches-couleur très artistiques de Pierre Jean François Turpin (1775-1840) et constitue une bibliothèque spécialisée. S’intéressant aussi aux coquillages, il en réunit également une très riche collection[3].

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Alpinisme et protestantisme (Lettre 72)

par Thierry Rousset

« L’admiration de la montagne est une invention du protestantisme » écrit André Gide dans son Journal (27 janvier 1912).

Rien d’étonnant que les protestants regardent vers la montagne, tellement présente dans la Bible, depuis l’arche de Noé échouant sur une montagne, la révélation des tables de la Loi à Moise au Sinai, Elie au mont Horeb, Sion la montagne du Temple, les épisodes clé de la vie du Christ : les Béatitudes, l’arrestation au Mont des Oliviers, la crucifixion, la Transfiguration.

Les Alpes occidentales ont un lien historique avec le protestantisme, en Suisse bien sûr, en France, où le calvinisme se diffuse largement dans le Dauphiné sous l’impulsion de Farel, dans le piémont italien. Alexis Muston en 1851 rend hommage à l’épopée des Vaudois du Piémont dans L’Israel des Alpes : première histoire complète des vaudois du Piémont  et de leurs colonies. Lors de la Glorieuse Rentrée, en 1689, les Vaudois réfugiés à Genève, parcourent 200 km jusqu’ à Torre Pellice via le Mont Cenis. Aujourd’hui les randonneurs aguerris parcourent le sentier international des huguenots français et des vaudois italiens, à travers 4 pays : la Suisse, l’Italie, l’Allemagne et la France.

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L’Europe des Lumières 1680-1820 (Lettre 72)

1ere de couverture : l'Europe des Lumières.Les éditions Perrin viennent d’avoir l’heureuse idée de publier une remarquable synthèse sur L’Europe des Lumières, 1680-1820, due aux plumes de Bernard et Monique Cottret.

 

Dès 1684 le philosophe Pierre Bayle baptise les temps nouveaux : « Nous voilà dans un siècle, écrit-t-il, qui va devenir de jour en jour plus éclairé ». Le continent européen est effectivement envahi par une vague d’optimisme. La raison, la science, la tolérance, le droit, la liberté, la poursuite du bonheur individuel et collectif dessinent un paysage nouveau, pénètrent les esprits et modifient les comportements. [Lumières, Enlightenment, Aufklärung, Illuminismo, Ilustracion, Iluminismo…] Une même ambition éclairée se réfracte dans les différentes langues de l’Europe occidentale. Bernard et Monique Cottret ont inscrit cette dynamique dans un cadre chronologique et politique. Le vent des Lumières souffle d’Ouest en Est : de « la prise de conscience européenne » (1680-1750) aux « Lumières militantes » (1750-1780), puis à la rencontre des révolutions et contre-révolutions (1780-1820).

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Sarah Monod (Lettre 71)

 par Gabrielle Cadier-Rey   En 2014, 94 % des rues et espaces parisiens portaient des noms masculins. Depuis, un effort de la municipalité a porté à 12 % la part des noms féminins, ce qui a permis de rappeler le souvenir de femmes remarquables. Et c’est ainsi qu’en juin dernier la Ville de Paris a … Lire la suite

Centenaire de la mort de Pierre LOTI (1850-1923) – (Lettre 71)

par Thierry Mourgue

 

Commémoration des 100 ans de la mort de Pierre Loti

Il y a 100 ans nous quittait Pierre Loti.

Si aujourd’hui cet écrivain prolifique est peu lu et relativement oublié, on ne mesure pas à quel point il fut un auteur à succès au tournant du XXe siècle.

Julien Viaud, allias Pierre Loti, est né à Rochefort en 1850 dans une famille protestante. Sa mère, née Texier, est originaire de l’île d’Oléron. Famille austère, entièrement acquise à l’étude et à la lecture de la Bible ; Pierre Loti évoquera dans Le roman d’un enfant l’ambiance pieuse dans laquelle il a grandi.

Le jeune Julien Viaud ne sera pas pasteur comme il l’a envisagé. Il aime écrire et correspondre avec sa famille, surtout son frère aîné, Gustave, chirurgien de marine, dont les voyages en mer l’émerveillent. Hélas ce dernier meurt subitement lors de son retour d’Indochine. Loti n’a que 15 ans et en est dévasté.

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Les protestants et la langue française, Leur rôle dans son élaboration et sa diffusion. (Lettre 71)

par Christiane Guttinger

Affiche de l'exposition au Temple de Chateau-ThierryAlors qu’est inauguré ces jours-ci le château rénové de François Ier à Villers-Cotterêts, « Cité internationale de la langue française », n’est-ce pas le moment de rappeler le rôle joué par les protestants dans l’élaboration et la diffusion de la langue française ?

« Sola Scriptura » (l’Ecriture seule) est un des principes fondateurs de la Réforme. Donner accès aux textes bibliques par la traduction la plus fidèle a constitué une priorité. Calvin peut être considéré comme un des pères de la langue française, introduisant des expressions populaires dans ses ouvrages théologiques publiés en français, et non plus en latin. Il demanda à son cousin Olivetan d’œuvrer à une traduction de la Bible puisant aux sources hébraïques et grecques et non plus seulement latines telle que l’avait réalisé l’humaniste Lefèvre d’Etaples. Il commença une traduction des Psaumes, poursuivie par Clément Marot et Théodore de Bèze, que des musiciens comme Goudimel mirent en musique : ceux que nous entonnons encore aujourd’hui lors des cultes !

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 Parution du 3ème tome du Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours (Lettre 70)

Première de couverture du dictionnaire T1

Première de couverture du Dictionnaire biographique T1

 

 

 

 

 

 

 

sous la direction de Patrick Cabanel et André Encrevé

par Christiane Guttinger

Le tome 3 du Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, a enfin paru dimanche dernier, pour l’Assemblée du Désert ! Deux ans seulement après le tome 2, les auteurs-directeurs de cette publication monumentale, les historiens Patrick Cabanel et André Encrevé, et leurs contributeurs, ont mis à profit leur temps de confinement pour livrer leurs notices plus rapidement que prévu !

Rappelons que ce dictionnaire prend la suite des Vies des protestants français qui se sont fait un nom dans l’histoire depuis les premiers temps de la réformation jusqu’à la reconnaissance du principe de la liberté des cultes par l’Assemblée nationale, publié en 10 volumes au milieu du XIXe siècle, par les frères Eugène et Émile Haag.

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Jules et Julie Siegfried (Lettre 70)

Par Gabrielle Cadier

 

Photo de Jules Siegfried

     Cette année 2022, la ville du Havre commémore le souvenir de Jules Siegfried et de sa femme Julie, tous deux disparus il y a juste un siècle. En effet, Jules Siegfried,  pour Le Havre, fut beaucoup plus qu’un maire, mais, tout comme sa femme, un réformateur social.

Ce couple fort uni, animé par une foi profonde, une foi tournée vers l’action, partageait le même idéal : améliorer la situation des classes populaires, tant sur le plan matériel que moral. C’est pourquoi le premier domaine de l’action municipale de Jules Siegfried, dès 1871, est l’instruction. Durant son mandat, il fait construire trente écoles, laïques (avant Jules Ferry) s’intéressant aussi au recrutement des maîtres, à l’hygiène des élèves, à leur vaccination, etc… Il crée des bibliothèques populaires, et le premier lycée de France pour les filles.

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Nouvelles du Protestantisme Français. (Lettre 69)

Le 1er juillet 2022 ont débuté les mandats des pasteurs Christian Krieger, à la présidence de la Fédération protestante de France – précédemment président de l’Église protestante réformée d’Alsace et de Lorraine (EPRAL) et vice-président de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL) – et Jean-Raymond Stauffacher, au secrétariat général de la FPF. Ce dernier, ancien président de la Commission permanente de l’Union nationale des Eglises protestantes réformées évangéliques de France (UNEPREF), a oeuvré à développer des liens avec plusieurs Eglises réformées en Europe ou dans le monde, en particulier en Hollande, aux USA ou au Brésil, et élu au bureau de la Coordination évangélique de la Fédération protestante qui rassemble les unions d’Eglises évangéliques membres de la Fédération protestante. Son dernier poste était celui de pasteur de la paroisse de de Montpellier, son épouse étant pasteure à Ganges.

Depuis juillet, le pasteur Guillaume de Clermont a succédé à Christian Galtier, directeur pendant 22 ans de la Fondation John Bost à La Force (Dordogne), perpétuant cette institution sanitaire et médico-sociale protestante à but non lucratif créé en 1848 par le pasteur John Bost. La Fondation est associée à la SHPVD (Société de l’Histoire du Protestantisme dans la Vallée de la Dordogne), centre d’archives et bibliothèque, animé par un groupe de bénévoles, en mettant à disposition des archives qui constituent une source importante sur l’histoire de la médecine psychiatrique dans les établissements de la Fondation.

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