Le siècle d’or néerlandais au travers de la gravure, une visée politique? (Lettre 72)

1ere de couverture Rembrandt et la Bible. Sur fond bleu.

par Christiane Guttinger

1ere de couverture Trésors Noir et Blanc.

1ere de couverture Rembrandt et la Bible. Sur fond bleu.1ere de couverture Par delà Rembrandt.

De récentes expositions de gravures, « Trésors en noir et blanc» au Petit-Palais à Paris[1], « Par delà Rembrandt. Estampes néerlandaises du Siècle d’or » à Chantilly, «Rembrandt et la Bible. Gravure divine»  au Musée international de la Réforme à Genève, nous conduisent à envisager cet art de la gravure sous un jour dépassant ses valeurs esthétiques et religieuses par une visée politique.

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L’Europe des Lumières 1680-1820 (Lettre 72)

1ere de couverture : l'Europe des Lumières.Les éditions Perrin viennent d’avoir l’heureuse idée de publier une remarquable synthèse sur L’Europe des Lumières, 1680-1820, due aux plumes de Bernard et Monique Cottret.

 

Dès 1684 le philosophe Pierre Bayle baptise les temps nouveaux : « Nous voilà dans un siècle, écrit-t-il, qui va devenir de jour en jour plus éclairé ». Le continent européen est effectivement envahi par une vague d’optimisme. La raison, la science, la tolérance, le droit, la liberté, la poursuite du bonheur individuel et collectif dessinent un paysage nouveau, pénètrent les esprits et modifient les comportements. [Lumières, Enlightenment, Aufklärung, Illuminismo, Ilustracion, Iluminismo…] Une même ambition éclairée se réfracte dans les différentes langues de l’Europe occidentale. Bernard et Monique Cottret ont inscrit cette dynamique dans un cadre chronologique et politique. Le vent des Lumières souffle d’Ouest en Est : de « la prise de conscience européenne » (1680-1750) aux « Lumières militantes » (1750-1780), puis à la rencontre des révolutions et contre-révolutions (1780-1820).

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Les protestants et la langue française, Leur rôle dans son élaboration et sa diffusion. (Lettre 71)

par Christiane Guttinger

Affiche de l'exposition au Temple de Chateau-ThierryAlors qu’est inauguré ces jours-ci le château rénové de François Ier à Villers-Cotterêts, « Cité internationale de la langue française », n’est-ce pas le moment de rappeler le rôle joué par les protestants dans l’élaboration et la diffusion de la langue française ?

« Sola Scriptura » (l’Ecriture seule) est un des principes fondateurs de la Réforme. Donner accès aux textes bibliques par la traduction la plus fidèle a constitué une priorité. Calvin peut être considéré comme un des pères de la langue française, introduisant des expressions populaires dans ses ouvrages théologiques publiés en français, et non plus en latin. Il demanda à son cousin Olivetan d’œuvrer à une traduction de la Bible puisant aux sources hébraïques et grecques et non plus seulement latines telle que l’avait réalisé l’humaniste Lefèvre d’Etaples. Il commença une traduction des Psaumes, poursuivie par Clément Marot et Théodore de Bèze, que des musiciens comme Goudimel mirent en musique : ceux que nous entonnons encore aujourd’hui lors des cultes !

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Un huguenot de Marsillargues réfugié en Suisse (Lettre 70)

Première de couverture du livre un huguenot de MarsillarguesLettres de Jean Farenge à sa famille, 1686-1689, annotées et publiées par

Marianne-Carbonnier-Burkard et Jean-Pierre Trouchaud

par Christiane Guttinger

 

Oubliée pendant trois siècles, une liasse de lettres cachée dans la charpente d’une maison de Marsillargues (petite ville entre Nîmes et Montpellier) a été découverte à l’occasion de travaux. Il s’agit d’une trentaine de lettres écrites de Suisse entre 1686 et 1689, par un certain Jean Farenge, à sa femme puis à ses beaux-parents.

Ce Jean Farenge, né à Marsillargues en 1661, était teinturier, et fidèle de l’Eglise réformée de la ville. Fin août 1685, il a épousé Madelaine Fontanès, âgée de 17 ans, alors que la campagne militaire des conversions forcées des protestants progressait dans le Midi. Sous la terreur des dragons, les réformés abjuraient en masse. Début octobre, en une semaine, 770 Marsillarguois adultes, dont Jean Farenge et sa femme, abjurent « l’hérésie de Calvin » devant le curé. Le 17 octobre, le roi signe l’édit de Fontainebleau révoquant l’édit de Nantes. Dorénavant la « religion prétendue réformée » était interdite dans tout le royaume et l’émigration interdite.

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Henri II de Rohan, irréductible combattant (Lettre 70)

par Nicole Vray

Henri II à cheval

Henri II de Rohan est le premier duc de la Maison Rohan, le dernier Rohan protestant et l’ancêtre des Rohan-Chabot catholiques.
Il naît le 21 août 1579 non loin de Nantes, dans le château de La Groulais à Blain, le fief des Rohan convertis au protestantisme depuis le début du XVIe siècle.
Fils de Catherine de Parthenay et de René II de Rohan, outre ses talents d’historien et d’écrivain, Henri II va se révéler grand militaire, vite remarqué par Henri IV.
Le « bien bon roi Henri le Grand » l’avait par ailleurs élevé au rang de duc et pair en 1604, puis incité à épouser en 1605 Marguerite de Béthune, la fille du duc de Sully.

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Les huguenots au Cap de Bonne Espérance (Lettre 69)

par Denis Carbonnier

 

ere de couverture du livre : Les Huguenots au Cap« Les huguenots au Cap », tel est le titre d’un important ouvrage que la Société huguenote d’Afrique du Sud a publié il y a quelques mois en trois éditions différentes : anglais, afrikaans et français.

Il y a là une mine d’informations sur ce groupe de protestants français fuyant les persécutions dont ils étaient victimes lors de la Révocation de l’Edit de Nantes en 1685, en passant des Pays-Bas à l’Afrique du Sud. Pour comprendre cette épopée, les auteurs rappellent que la République des Provinces-Unies des Pays-Bas se trouvaient alors dans une situation politique, culturelle, économique et sociale très en avance sur celle du reste de l’Europe.
Son dynamisme économique s’était manifesté dès 1602 par la création de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales : pilier de la puissance du capitalisme néerlandais (selon des économistes, sa puissance pourrait être comparée aux multinationales d’aujourd’hui du type Apple ou Amazon), elle a établi des comptoirs avec comme tête de pont Batavia (aujourd’hui Jakarta). Mais, d’Amsterdam, la route est longue pour y parvenir ! Le Cap de Bonne Espérance, à mi-distance, autorisait l’établissement d’un port pour le ravitaillement des navires, ce qui fut fait en 1652. Toutefois, ne pouvant devenir un comptoir commercial rentable, la compagnie décide d’en faire une colonie de peuplement.

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La Rochelle et protestantisme charentais, vendéen et poitevin (Lettre 69)

Cartede l'implatation réformée en Poitou Charentespar Christiane Guttinger

 

←L’implantation réformée en Poitou au XVIIe. Carte de Samuel Mours.

L’association des Amitiés huguenotes internationales, héritière du Comité protestant créé 1915, veille à entretenir des liens d’amitié entre protestants français et huguenots du Refuge et, plus largement, entre protestants du monde entier, en se basant sur l’histoire, la généalogie et le patrimoine protestants.
Elles organisent ainsi, tous les 3 ans, une Réunion internationale de descendants de huguenots rassemblant protestants français et délégués d’une douzaine de nations, suscitant rencontres et découverte d’une région française vue sous l’angle de son protestantisme historique et actuel. La pandémie a contraint à reporter celle de 2021, mais résolument optimiste, elles préparent, cette année, la XIXème Réunion huguenote qui sera basée, à La Rochelle, du 19 au 25 septembre 2022.

La Rochelle ? La présence protestante est encore très vivace dans cette « capitale » atlantique des huguenots au XVIe siècle, où fut adoptée la Confession de foi réformée lors du synode de 1571, qui devint un symbole de résistance opiniâtre lors du grand siège de 1627-1628.

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Les Huguenots au Danemark (Lettre 69)

par Gabrielle Cadier

Quand on parle des pays du Refuge huguenot, on ne cite quasiment jamais le royaume de Danemark-Norvège. Pourquoi cette destination n’a-t-elle pas suscité plus d’études ?

En effet, malgré la forte hostilité des évêques luthériens qui considéraient les réformés comme plus dangereux que les catholiques, des centaines de réfugiés français arrivèrent au Danemark et y firent souche. Ils furent attirés par la politique du roi Christian V qui, entre janvier et avril 1685 (c’est-à-dire avant la révocation), promettait des lettres de privilèges fiscaux.
Portrait par Wahl de Charlotte Amelie de DanemarkQuant à la reine Charlotte-Amélie, (Charlotte Amélie de Danemark par Johann Salomon Wahl, localisation actuelle inconnue. Wikipédia, Reproduction public domain in the United States) une princesse réformée de Hesse, quand elle fit construire un temple d’abord destiné à sa Maison, elle l’ouvrit aussi aux réfugiés français. Elle organisa les deux consistoires, l’allemand et le français, fit construire les deux presbytères, et fixa les règles de vie commune. Aujourd’hui encore, l’Église réformée de Copenhague fonctionne selon les voeux de cette reine. Et c’est grâce aux registres de mariages et de baptêmes de cette Église que l’on peut connaître précisément une grande partie de ces réfugiés, leur région d’origine et leur profession. Pour arriver au Danemark, soit ils passaient par la voie maritime et c’est le chemin que prirent majoritairement ceux qui quittaient la Guyenne, le Poitou, les Charentes, la Normandie etc… , soit ils passaient par la voie terrestre, gagnaient la Suisse et de là les principautés allemandes. Quelle que soit la voie choisie, on remarque que le Danemark est rarement une destination première. Les réfugiés ont souvent séjourné dans un autre pays avant de s’installer à Copenhague, là où était la Cour. Quant à leurs professions, en dehors des officiers intégrés dans l’armée et la marine danoise, ce sont essentiellement les métiers du luxe, de la mode et de la bouche qui ont prospéré. Et la profession qui a eu le plus de représentants, c’est celle de perruquier. On peut citer les noms d’environ 25 !

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Elie Bouhereau,un médecin érudit rochelais réfugié en Irlande. (Lettre 69)

par Christiane Guttinger

Nombreux furent les protestants charentais contraints de s’exiler pour vivre librement leur foi au XVIIe siècle. Le parcours d’Elie Bouhéreau, est particulièrement intéressant, associé à une précieuse documentation, un journal7 et une abondante correspondance.

Fils unique d’un pasteur réformé portant le même nom8, Elie Bouhéreau nait à la Rochelle en 1643. Sa mère, Blandine Richard, prématurément veuve, possédait des marais salants à Saint-Martin en Ré, ce qui lui assurait une certaine aisance et permit à Elie de faire ses études à l’Académie protestante de Saumur,

Se destinant tout d’abord à devenir pasteur, il suit les cours de rhétorique, lettres classiques, philosophie, logique et, pour la théologie, est l’élève de Moïse Amirault, un des théologiens les plus réputés de l’époque.

Il entretient dès lors des relations épistolières avec des érudits réformés, parmi lesquels Valentin Conrart, à qui Richelieu demanda de rédiger les statuts de l’Académie française dont il fut le 1er secrétaire, avec des pasteurs de Genève9 ; et le pasteur-poète Laurent Drelincourt, fils de Charles, pasteur à Charenton.

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La Fontaine à Paris et ses relations protestantes.(Lettre 68)

par Christiane GuttingerAffiche de l'exposition

Le 4ème centenaire de la naissance de Jean de La Fontaine est cette année, particulièrement célébré en sa ville natale de Château-Thierry où une exposition au temple évoque plus particulièrement ses relations avec le protestantisme.

La Fontaine, se destina à 20 ans à la carrière religieuse, il entra chez les Oratoriens à Paris, congrégation enseignante née de la Contre-Réforme, fondée par le père Pierre de Bérulle, qui avait parfaitement assimilé les principales revendications des protestants. Ils éduquaient ainsi une élite de prêtres à la morale irréprochable, de haut niveau intellectuel et théologique dans le but d’obtenir des abjurations et des reconversions au catholicisme par la persuasion, et non par la violence.

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