Le cinq centième anniversaire de la naissance de Heinrich Bullinger

La Fédération des Eglises suisses, la ville et l’Eglise de Zürich, puis l’Université de Zürich, dans un grand congrès international, ont fêté cet été le 500e anniversaire de Heinrich Bullinger, né en 1504 à Bremgarten, dans l’actuel canton d’Argovie, mort à Zürich en 1575. Sans avoir eu dans l’histoire le même impact que Calvin, son contemporain, Bullinger est cependant l’une des grandes figures de la Réforme suisse et du protestantisme européen de son temps.

Entre Calvin et Bullinger, bien des proximités ont existé. A commencer par leur parcours : ce sont les études universitaires et les lectures humanistes qui ont mené les deux jeunes gens, en des lieux et des moments différents, à la nouvelle foi « évangélique » et à la théologie. Bullinger avant Calvin, et dans l’espace germanophone : dès 1520, à l’Université de Cologne, il découvre en même temps Erasme, Luther, les Pères de l’Eglise et l’Ecriture sainte. En 1523, il est acquis aux idées nouvelles ; appelé à l’école du couvent cistercien de Kappel, près de Zurich, il donne des cours sur l’épître aux Romains, à la manière humaniste « évangélique ». C’est à cette époque que Bullinger rencontre Zwingli, le prédicateur qui venait d’introduire à Zürich une « réforme » en rupture avec l’Eglise traditionnelle ; tous deux s’accordent sur le principe de l’Ecriture comme norme de toute doctrine et de toute pratique religieuse et éthique ; et sur une compréhension du sacrement de la cène, où la présence du corps du Christ est comprise de façon « symbolique ».

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Abraham Bosse (Tours 1604-Paris 1676), savant graveur protestant sous le regne de louis XIII

À l’occasion du quatrième centenaire de la naissance d’Abraham Bosse, deux expositions viennent de lui rendent hommage. L’une à Tours où il est né en 1604, l’autre à Paris où il fait son apprentissage, toute sa carrière et meurt en 1676.
Il est le fils d’un maître tailleur d’habits protestant, d’origine allemande, immigré à Tours à la fin du XVIe siècle. L’appartenance d’Abraham Bosse à la religion réformée est attestée par divers documents dont le contrat de son mariage avec Catherine Sabarrat , le 25 mai 1632 à l’Eglise réformée de Tours.

Il entre en apprentissage à Paris, en 1620 -il a alors 16 ans- chez Melchior Tavernier, également protestant, venu d’Anvers, et qui est un des éditeurs d’estampes et de livres illustrés les plus importants de l’époque. Il ne retourne qu’occasionnellement dans sa ville natale. Ses neuf enfants – dont cinq morts en bas âge- sont baptisés au temple de Charenton, et il est enterré au cimetière protestant des Saints Pères. Les registres paroissiaux de Charenton et du cimetière des Saints Pères ont brûlé lors de la commune en 1871, mais des copies antérieures ont préservé les traces de ces actes.

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Le pasteur Pierre Simond, fondateur de la colonie du Cap

Le Musée du Protestantisme dauphinois, au Poët-Laval, dans la Drôme, s’est intéressé, cette année, au pasteur Pierre SIMOND, un des fondateurs de la colonie huguenote du Cap, en Afrique du Sud.

Pierre Simond est né en 1651 à Nyons, en Dauphiné, à 30 km du Poët-Laval. Après des études à l’Académie de Die, il fut nommé pasteur à La Paillette-Montjoux, un petit village près de Dieulefit, puis dans les Hautes-Alpes. A la révocation de l’Edit de Nantes, il dut fuir la France pour les Pays-Bas. C’est là qu’il fut engagé pour prendre la tête, comme pasteur, d’un groupe de 150 huguenots français, volontaires pour peupler le comptoir de la Compagnie des Indes Orientales, au Cap de Bonne-Espérance.

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La famille de Beaulieu

Nous avons reçu une relation très intéressante et même touchante de la famille et de la vie du pasteur François de Beaulieu, maintenant âgé de 92 ans, qui vit à l’Ile-aux-Moines, dans le Golfe du Morbihan, depuis sa retraite, il y a 26 ans.

Les ancêtres français de monsieur de Beaulieu sont originaires de Rennes et se sont convertis dès le début du protestantisme en Bretagne. Jacques de Beaulieu, époux de Denise de Clary, figure parmi les anciens de la première paroisse réformée de Rennes, tout en exerçant la profession de procureur au Parlement de Rennes, de 1550 à 1562 . C’est probablement lui qui a laissé son nom au campus de l’Université de Rennes qui s’appelle Campus de Beaulieu.

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La Région Poitou-Charentes protestante de Jean Migault à nos jours

La Région Poitou-Charentes est particulièrement riche en souvenirs huguenots, mais assez méconnue. On peut y faire remonter les débuts du protestantisme au séjour de Calvin à Poitiers en 1534. De nombreux temples y ont été dressés dès les débuts de la Réforme et d’innombrables assemblées illicites s’y sont tenues, sévèrement réprimées par l’intendant du Poitou, Marillac et son régiment de dragons qui obtinrent ainsi jusqu’à 38000 abjurations, « de bouche » sinon de cœur.

La Maison du Protestantisme à Beaussais , près de Niort, a choisi de mettre en scène les mémoires de Jean Migault : cet instituteur protestant, lecteur de paroisse de la seconde moitié du XVIIe siècle a laissé un Journal, témoignage particulièrement vivant et émouvant de cette époque où il subit toutes ces brimades qui le contraignirent à se réfugier à l’étranger pour ne pas abjurer sa foi.

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Eléonore d’Olbreuse, « La grand-mère de l’Europe »

En 2004, la Maison du protestantisme poitevin, située dans les Deux-Sèvres à proximité de Niort, a réalisé une exposition sur le thème d’Eléonore d’Olbreuse. Cette protestante poitevine, qui vécut à l’époque de Louis XIV, est à l’origine de liens très privilégiés entre la France, l’Allemagne et la Hollande.

Elle naquit en 1639 au château d’Olbreuse dans les Deux-Sèvres dans une authentique famille de la noblesse d’épée.

Partout on vanta très vite sa beauté, son esprit et ses exquises manières.

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L’exode huguenot

Fondé en 1915, le Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger a pour but de maintenir le contact entre d’un côté, les Sociétés Huguenotes et les Eglises protestantes dans les anciens pays du Refuge – ces pays qui ont accueilli les protestants français persécutés dans leur pays -, et de l’autre côté, la France et les protestants français.

On parle du « Refuge ». En fait il y a eu deux Refuges :

  • Une première vague d’émigration pour cause de religion a eu lieu au XVIe siècle, dès les années 1530-1540, puis s’est intensifiée à la suite de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572. Cet exode a surtout concerné Genève au temps de Calvin et l’Angleterre sous le règne d’Elisabeth Ière.
  • La seconde vague de l’exode, quantitativement beaucoup plus importante, a lieu au cours de la période qui précède et suit la Révocation de l’Édit de Nantes, en 1685.

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Les lieux de mémoire protestante à Orléans

Le samedi 5 juin 2004, notre Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger consacrera sa journée à visiter les lieux de la mémoire Protestante à Orléans. Nous serons accueillis et guidés par l’Association « Mémoire Protestante en Orléanais » et sa présidente, Mme Luce Madeline. Le siège de cette Société Savante, en plein cœur de la vieille ville, se trouve au n° 1 de la rue Parisie, tout près de la rue de Bourgogne où arriva Jeanne d’Arc un siècle avant celui de la Réforme Protestante, et non loin du temple réformé actuel construit dans la 1ère moitié du XIXème siècle, place Saint-Pierre Empont, sur le modèle d’une tour romaine.

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Le péril du patrimoine Funéraire national

Ceux d’entre vous qui pénètrent parfois dans les cimetières n’auront pas manqué de relever les multiples contrastes qui différencient les monuments funéraires anciens de ceux apposés de nos jours. D’un côté des matériaux régionaux aux teintes chaudes, de l’autre la froideur du granit. D’un côté des monuments fortement personnalisés, enrichis par de nombreux symboles, œuvres d’art à part entière, de l’autre des monuments stéréotypés. D’un côté des monuments s’élevant vers le ciel, supports à de longues et pathétiques épitaphes, de l’autre des monuments presque anonymes jonchant le sol.

Rares sont les monuments antérieurs aux premières décennies du XIXe siècle. Jusqu’à la Révolution, ceux qui en avaient les moyens se faisaient inhumer à l’intérieur des lieux de culte. L’ordonnance royale du 6 décembre 1843 généralise la possibilité d’acquérir une concession perpétuelle. Un véritable mouvement de démocratisation et de popularisation des monuments funéraires se développe alors. Le Siècle romantique voit ainsi naître une forme avancée de « culte » familial des morts et des tombeaux.

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L’Eglise lutherienne de bon-secours à Paris

Connaissez-vous le 11e arrondissement de Paris, savez-vous qui y habite et depuis quand ?

Déjà sous Louis XI, au XVe siècle, des ouvriers du bois étaient installés avec leurs familles sur les terres de l’enclos religieux du couvent des « Dames de Saint-Antoine » qui leur donnaient asile. Et, au cours des deux siècles suivants, beaucoup d’ouvriers et d’artisans du meuble continuent à se fixer autour de ce noyau premier en en faisant une spécialité.

Mais c’est au XVIIIe siècle que le Faubourg Saint-Antoine connaît son âge d’or quand, après la mort de Louis XIV (1715), la société mondaine vient se réinstaller de Versailles à Paris. Pour répondre à cette nouvelle demande, l’appel de main-d’œuvre est tel que l’on voit affluer vers la capitale des artisans provinciaux et étrangers qualifiés. Alsaciens et Allemands rhénans arrivent en nombre. Spécialisés en ébénisterie, ils s’installent tout naturellement au Faubourg Saint-Antoine, où certains, comme Oeben et Riesener font fortune. Beaucoup d’entre eux sont luthériens, et tout heureux, dans ce royaume d’intolérance, d’être accueillis aux chapelles luthériennes des ambassades scandinaves -suédoise et danoise- qui leur assurent protection, libre exercice du culte dirigé par des pasteurs nommés par leurs rois, registres d’état civil, assistance, soins et possibilité d’être inhumés au cimetière des étrangers de la Porte Saint-Martin.

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