Photographes et missionnaires : deux termes dont on ne soupçonne guère qu’ils puissent aller de pair. On voit le missionnaire une bible à la main. On l’imagine plus rarement appareil photographique au poing. Ce schéma conventionnel ne tient pas devant l’évidence : une évidence dont témoignent les archives de la Société des missions évangéliques de Paris : la photo missionnaire existe ! Il y a eu dès le 19e siècle des missionnaires photographes à l’œuvre sur divers continents !
La collection
Au Défap, à Paris, dans le bâtiment édifié en 1887 pour abriter la Maison des missions, se trouvent conservés plusieurs milliers de documents iconographiques. Ils illustrent l’activité de cette société qui fut à partir de 1830 et pour longtemps l’unique société protestante du monde francophone à envoyer des missionnaires en Afrique, à Madagascar, en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie. Ils se présentent sous les formes les plus variées : négatifs, tirages papier, diapositives sur plaques de verre mais aussi cartes postales, cartes de géographie et plans de stations missionnaires, dessins, films fixes et animés. Ces images s’insèrent dans un vaste ensemble documentaire regroupant correspondances, rapports d’activité, récits de voyage, journaux intimes. Autant de témoignages écrits, utiles pour expliciter le contexte de production des images, voire les usages auxquels elles donnèrent lieu.
Ces missionnaires photographes, qui étaient-ils ?
Partis pour évangéliser mais aussi très vite pour enseigner ou soigner, les missionnaires se révèlent souvent, une fois sur place, de véritables savants : linguistes, historiens, ethnographes, ou encore géographes, cartographes botanistes. On les retrouve ainsi pour quelques-uns membres des sociétés savantes, et notamment de ces sociétés de géographie qui prennent leur essor à partir du milieu du 19e siècle à travers toute l’Europe. Il faut le souligner la photographie missionnaire compte dans ses rangs certes une large majorité d’hommes… mais aussi quelques femmes, « demoiselles » parties comme institutrices, infirmières ou médecins !
Les conditions
Ne nous y trompons pas ! Faire de la photo sous les tropiques à la fin du 19e siècle relève plus d’un tour de force que d’une partie de plaisir. Le matériel est encombrant et coûteux, le climat défavorable. Ecoutons à ce sujet François Coillard, missionnaire mais aussi célèbre explorateur de la région du Zambèze : « Le passage du Limpopo ne s’est pas effectué sans aventure non plus. Ma voiture et le fourgon des bagages avaient si bien descendu et gravi les berges de ce méchant fleuve que toutes mes craintes se dissipèrent. Je pris donc mon appareil photographique, le braquai guettant le passage de deux autres wagons qui généralement ne nous donnent guère d’embarras. Je trouve la vue ravissante. A défaut de crocodiles au premier plan, nous avons un wagon avec les bœufs qui nagent. Les cornes de ceux-ci apparaissent déjà quand ma femme hors d’haleine me crie d’aussi loin qu’elle le peut : « Viens vite, viens vite ! Le tombereau s’est renversé ». Bon. J’ouvre et je ferme mon objectif à la hâte. Cinq minutes de course à travers les fourrés de mimosa et j’arrive sur le rivage d’un petit bras de la rivière. Là, dans un prétendu gué, extrêmement profond, je trouve la carriole culbutée. »
Que voit-on sur ces photos ?
Elles nous font rentrer dans le quotidien parfois extraordinaire de ces voyageurs protestants. Bien sûr, elles documentent leur travail, leur activité missionnaire. Mais aussi, plus rare, leur vie de famille, leurs moments de détente. Ces images apportent également un témoignage privilégié pour l’époque sur la vie des populations : des populations que les missionnaires sont souvent les seuls à côtoyer au quotidien et surtout sur la durée, à la différence d’autres Européens, commerçants, militaires ou aventuriers. A travers elles, nous assistons à la rencontre entre des mondes culturels et religieux différents et à l’émergence de nouvelles identités individuelles et collectives, politiques et religieuses.
A quoi servaient ces images, autrement dit qui les voyaient ?
Les indigènes ne les voyaient pas, bien qu’ils y soient souvent représentés. Expédiées en Europe, elles servaient à des séances de projection, à des conférences ou à des expositions. Elles aidaient à sensibiliser au travail missionnaire et à susciter un indispensable soutien, tant au plan spirituel que matériel. Grâce à elles, le missionnaire faisait sensation, à une époque où la plupart des gens n’avaient jamais foulé le sol d’un autre continent ni ne pouvaient espérer le fouler un jour. Certaines d’entre elles venaient agrémenter les diverses publications de la Société, des publications très largement diffusées dans le monde protestant : on citera le Journal vert ou Journal des missions évangéliques et, en direction de la jeunesse le Petit messager des missions évangéliques. Sans oublier les nombreux tirages de cartes postales eux aussi très diffusés.
Aujourd’hui où aller pour voir les photos ?
Il est possible de se rendre au Défap, 102 boulevard Arago mais aussi sur le site internet de sa bibliothèque : www.defap-bibliotheque.fr (cliquer sur catalogue).
par Claire-Lise Lombard
Lettre N°43
Summary : The photographic archives of the SMEP (Société des Missions Evangéliques de Paris), an unknown treasure
by Claire-Lise LOMBARD
Photographers and missionaries are two words you could not imagine matching. The pictures showing a missionary typically represented him with the Holy Bible in his hand, more seldom with a camera. But there were missionary photographies, as early as the XIXth century, and missionary photographers at work in various remote places.
The collection of many thousand photographs is kept in Paris in a house built in 1887 to shelter the “House of Missions”. Most of them are unknown. They describe the activities of the Société which from 1830 onwards was the unique protestant company to send missionaries to Africa, Madagascar, Polynesia and New-Caledonie. All sorts of documents can be found: photonegatives, prints on paper, slides printed on glass, but also postcards, geography charts and maps of mission places, drawings, movies. Theses pictures are included in a large collection of letters, memos, activity reports, travel-writings, diaries. This gathering of a huge collection of written accounts is useful to explain the context of these pictures, and even what they involved.
Missionaries left to evangelize people, but very soon they also began to teach or give medical care, and became very often, on the spot, true scientists, studying languages, history, ethnography or geography, mapsetting, botanizing. Some of them later were named members of learned societies, namely geographic societies all across Europe during the XIXth century.
Taking photographs under an awful heat at the end of the XIXth century was more a feat of strength than a good fun. Cameras were costly, heavy and bulky, and the climate was ghastly.
These pictures show how extraordinary the daily life of these protestant travellers could be. Of course they are also documents about their work and their missionary activity, less frequently about their family life or their leisures. They give a special light of that period on the natives’ life: the missionaries are the only ones to live close to the natives, day after day and often on long periods, whereas other Europeans, merchants, soldiers or adventurers stop for short times. These photographs tell how worlds of different cultures and religions meet, and how new individual and collective identities come to existence, in the political or religious fields.
The natives did not see these pictures, though they were the ones to be photographed. The pictures were sent to Europe, where they could be viewed during conferences, exhibits or picture-shows. They helped to understand the work in the missions and to raise an essential spiritual and financial support. Thanks to their pictures, missionaries brought sensational news to people who had never travelled in another continent and would never even think of it. Some pictures illustrated magazines edited by the Société, like le “Green News” or “the Journal of the Evangelical Missions”.
The photographs are on display at DEFAP, 102 bd Arago, Paris, but also on the library internet site : www.defap-bibliotheque.fr “expositions virtuelles”.
Bonjour ; je recherche Biographie et Photos d archives d AMBATOMANGA sur Pasteur
Jean Frederic VERNIER , de la MISSION PROTESTANTE a AMBATOMANGA MADAGASCAR
afin de lciter son Oeuvre dans le livre qui va paraitre sur MADAGASCAR
Je vous en remercie Mme Antoinette Andriamiseza
livres deja paru :Auteur Madame Aimée Andriamiseza
1 / ANERINDRANO le temple protestant ,bati en 1870 . les evangelistes , missionnaires , pasteurs-Jeffrey / Vernier / Martin / Mondain … /RAININDRIAMISEZA /RAMANAHADRAY /RAMANANTSIHETY ….
avec photos inedites -autoedition 2011-
2 /Madagascar l île occultée 2016 Editeur EDILIVRE .COM visible FNAC
3 / ANDRIAMISEZA premier du nom – 1947 et décision du CONSEIL D ETAT de PARIS 1955 /en cours d édition 2016