Chers amis,
2009 s’annonce une année stimulante pour le protestantisme et spécialement pour les réformés français. Ce sera « l’année Calvin ».
Jean Calvin est né le 10 juillet 1509 à Noyon, en Picardie. Nous allons donc commémorer le 500ème anniversaire de la naissance du grand réformateur français.
Rien ne le prédisposait à ce destin. Son père l’avait destiné à la prêtrise, mais avait changé d’avis et l’avait orienté vers le droit. Durant ses études de droit à Orléans et Bourges (entre 1527 et 1533 environ), Calvin a été en contact avec des « luthériens » (comme on disait), professeurs ou étudiants. Il a beaucoup lu la Bible, redécouverte par les humanistes.
Cependant, ce n’est que vers 1533 qu’il se convertit aux idées de la Réforme évangélique : il comprend l’Evangile, la bonne nouvelle du salut gratuit de Dieu, comme incompatible avec la religion des « bonnes œuvres », encadrée par l’Eglise traditionnelle. Fin 1534, après l’affaire » des Placards » contre la messe, qui déclenche une répression sans précédent contre les « hérétiques », Calvin quitte le royaume de France et se réfugie à Bâle.
A Bâle, Calvin publie en 1536, sous son nom, son premier grand traité théologique, l’Institution de la religion chrétienne, ouvrage qu’il retravaillera et développera constamment, jusqu’à une dernière édition en 1560. Ouvrage adressé à François 1er pour défendre les « évangéliques » persécutés que le roi laissait envoyer au bûcher comme hérétiques, l’Institution présente une théologie que l’on peut résumer en trois affirmations : avec Luther, que l’homme n’est sauvé, justifié, que par la seule grâce de Dieu, par le moyen de la foi en Jésus-Christ ; avec Zwingli, que la souveraineté de Dieu s’exerce sur toute sa création, soutenue par sa Providence ; avec Luther et Zwingli, que la Parole de Dieu dans l’Ecriture est seule règle de foi et de vie, au-dessus de toutes les autorités de l’Eglise.
De passage à Genève à l’été 1536, juste après que la ville ait adopté la Réforme sous l’impulsion de Guillaume Farel, Calvin y est retenu comme professeur de théologie, puis pasteur. Chassé de la ville en 1538 par le magistrat qui accepte mal la « discipline ecclésiastique », il est appelé par Martin Bucer à Strasbourg, où il exercera la charge de pasteur de la paroisse française pendant trois ans.
Rappelé en 1541 à Genève, où il restera jusqu’à sa mort en 1564, Calvin va alors mener de front un prodigieux travail d’organisateur de l’Eglise de Genève, en même temps que de pasteur, de professeur et d’écrivain (au point qu’il peut être considéré comme l’ »inventeur » du français moderne). Ce faisant, il fonde non seulement un nouveau modèle d’Eglise, mais un nouveau type d’homme, l’homme réformé.
Devenant le réformateur de Genève, Calvin n’a pas borné son horizon aux murs de la cité du Léman, qui était alors une ville moyenne à l’écart des grandes puissances. D’abord Calvin a été en liens constants avec les suisses (Farel à Neuchâtel, Viret à Lausanne, Bullinger à Zürich). Ensuite, Genève a doublé sa population en quelques années, devenant une ville cosmopolite de réfugiés : la principale ville de refuge pour les réformés français en butte à la persécution, comme pour les Italiens et les Ecossais, avec depuis 1559 l’attrait d’une brillante faculté de théologie. Surtout, à partir de la fin des années 1540, Calvin a joué aussi un rôle de mentor auprès des princes (Edouard VI d’Angleterre, le prince Radziwill en Pologne…), et auprès des Eglises réformées dispersées dans toute l’Europe (Wesel, Francfort, Londres…). Par son réseau de correspondants, Calvin a fait de Genève l’un des centres les plus actifs du protestantisme européen. A partir des années 1550 surtout, alors que la persécution fait rage, il soutient activement les « frères » français, par ses lettres, ses ouvrages imprimés à Genève, que distribuent des colporteurs militants, et par l’envoi de pasteurs pour les nouvelles Eglises clandestines.
Cette ouverture au monde et la plasticité d’un modèle d’Eglise apte à être autonome par rapport à l’Etat expliquent l’impact international du calvinisme, et son essor outre-Atlantique. Les Eglises réformées et presbytériennes ont en effet fait souche dès le XVIIe siècle en Amérique du Nord (par rebond de l’Angleterre) et plus récemment en Asie (spécialement en Corée).
L’influence historique et actuelle du calvinisme à travers le monde explique aussi qu’en cette année 2009 de nombreuses manifestations commémoratives se dérouleront en France et à l’étranger : des expositions – je pense notamment à celles qui auront lieu au printemps à Berlin au Musée historique allemand et à l’automne à Paris à l’Eglise réformée du Saint-Esprit –, des colloques scientifiques – à Genève, à Paris, à Lyon – ou de grands rassemblements – tels l’Assemblée du Musée du Désert dans les Cévennes le 6 septembre, ou la Fête du protestantisme à Strasbourg le 31 octobre.
De manière plus anecdotique, et franco-française, on peut également évoquer le timbre que l’administration des postes françaises va éditer en mai, la médaille qui sera frappée, ou encore la statue qui devrait être érigée à Orléans.
Pour un aperçu des festivités de l’année Calvin, vous pouvez vous reporter au site internet que la Fédération protestante de France a ouvert à l’occasion de ce jubilé (www.calvin09.org).
Le Comité protestant des amitiés françaises à l’étranger ne restera pas à l’écart de ces manifestations. Ainsi que vous le savez déjà, il organise, en septembre prochain, la XVème Réunion internationale, qui devrait rassembler, à Paris, Noyon, Orléans et Strasbourg, plus d’une centaine de descendants de huguenots venant de tous les continents, autour de Calvin. De même, la soirée huguenote qui suivra notre Assemblée générale, le samedi 28 mars, sera consacrée au Réformateur.
Au nom du Conseil d’administration du Comité, je vous présente nos vœux les meilleurs pour l’année 2009.
Denis Carbonnier
Lettre N°42