Nous vous proposons de célébrer aujourd’hui le 400e anniversaire de la naissance du
plus célèbre des peintres réformés du XVIIe siècle : Sébastien Bourdon.
Sébastien Bourdon naît à Montpellier le 2 février 1616 dans un milieu d’artisans modestes. Le jeune enfant est baptisé le 10 février au temple de Montpellier.
Très jeune, Sébastien est envoyé à Paris, en apprentissage chez un peintre. Vers 1630, on le trouve dans le Bordelais et le Toulousain avant qu’il rejoigne la capitale.
Dans les années 1636-1637, il poursuit son instruction à Rome, formation idéale des artistes contemporains. Il s’y lie d’une étroite amitié avec le peintre Louis de Boullogne le père, qui tente de le faire abjurer. Ce projet, quoi qu’avancé, finira par échouer.
Menacé d’être dénoncé comme hérétique à l’Inquisition par un peintre avec lequel il s’était querellé, il se trouve obligé de quitter la Ville Eternelle.
A son arrivée à Paris, il se lie très étroitement avec Louis du Guernier, peintre protestant dont il épouse la sœur Suzanne, le 13 janvier 1641 au temple de Charenton. Ce mariage conforte ses liens avec le milieu protestant de peintres, orfèvres et marchands joailliers parisiens.
En 1643, le choix qui se porte sur lui pour le May annuel offert à Notre-Dame de Paris par la corporation des orfèvres, témoigne de sa notoriété. L’œuvre puissante et baroque : Le Crucifiement de saint Pierre, se trouve toujours à Notre-Dame.
Son fils Abraham, né en 1648, est baptisé au temple de Charenton, avec comme parrain le célèbre graveur Abraham Bosse qui lui donne son prénom.
La même année, Sébastien Bourdon participe activement à la fondation de l’Académie de Peinture et de Sculpture. Dès le début, il semble au centre d’un groupe actif de personnalités protestantes, œuvrant dans cette institution, avec entre autres son beau-frère du Guernier, les deux Testelin, Ferdinand Elle, Samuel Bernard, et Abraham Bosse.
En 1652-1653, Bourdon est présent à Stockholm, invité par la reine Christine de Suède dont il donnera un monumental Portrait équestre aujourd’hui au Prado.
Malgré sa brièveté, ce séjour compte beaucoup pour le prestige de l’artiste.
De 1653 à 1657, Bourdon est à nouveau présent à Paris où il reçoit d’importantes commandes dans le climat d’après la Fronde favorable aux artistes.
Puis en 1657-1658, Bourdon va à Montpellier où il a reçu la commande de La Chute de Simon le Magicien, destiné au maître-autel de la cathédrale Saint-Pierre où il se trouve toujours et qu’il traite dans un classicisme tout inspiré de Poussin. Au cours de ce séjour dans sa ville natale, il peint aussi de nombreux portraits.
Après le décès de sa femme en septembre 1658, Bourdon se remarie avec Marguerite Jumeau, fille d’un marchand de Tours. Le mariage est célébré au temple de Charenton par le célèbre pasteur Drelincourt. La nouvelle épouse faisait vraisemblablement partie du groupe des amis protestants de du Guernier. On retrouve ce cercle avec le baptême du fils d’Henry Testelin, Sébastien, dont Bourdon est le parrain au temple de Charenton le 11 novembre 1665. L’enfant qui mourra en 1669, sera enterré au cimetière protestant des Saints-Pères, en présence de Bourdon.
L’artiste lui-même meurt le 8 mai 1671 et est enterré le 10 au cimetière du faubourg Saint-Germain.
Tous les enfants de Sébastien Bourdon ont été enterrés aux Saints-Pères. Seule Anne, l’unique survivante des enfants, née en 1653 est encore vivante en 1687 ; mais à cette date, elle avait quitté le royaume à la suite de la Révocation.
par Hélène Guicharnaud (Émission du Comité protestant des amitiés françaises à l’étranger diffusée sur France Culture, à 8 h 55, le dimanche 5 juin 2016)