Sarah Monod (Lettre 71)

 par Gabrielle Cadier-Rey

 

Plaque au nom de Sarah Monod dans le 12 emeEn 2014, 94 % des rues et espaces parisiens portaient des noms masculins. Depuis, un effort de la municipalité a porté à 12 % la part des noms féminins, ce qui a permis de rappeler le souvenir de femmes remarquables. Et c’est ainsi qu’en juin dernier la Ville de Paris a donné le nom de Sarah Monod à une place, dans le XIIe , au métro Montgallet, tout proche de l’Hôpital des Diaconesses. Au cours d’une sympathique et officielle cérémonie, il a été rappelé ce qu’avait été sa vie.

Sarah Monod est née en 1836. Elle est une des filles du pasteur Adolphe Monod. C’est à elle que l’on doit la publication des livres de méditation et de Souvenirs de son père. Restée célibataire, elle consacre sa vie à des œuvres. D’ailleurs la plaque apposée sur la place qui porte son nom le précise : « Philanthrope et féministe protestante ».

Sarah se fait d’abord remarquer par son action pendant la guerre de 1870. Avec deux sœurs diaconesses, avec les étudiants de la faculté de théologie comme infirmiers et brancardiers, avec ses cousins Monod, Sarah encadre l’ambulance du Comité évangélique de Paris. Pendant plusieurs mois, en 1870 et en 1871, son ambulance de huit voitures, dont elle assure l’intendance, suit les armées et soigne indifféremment Français et Prussiens.

La guerre finie, Sarah va se consacrer à l’Institution des Diaconesses. Elle en est en quelque sorte la directrice laïque, au côté de la Prieure qui est hollandaise. Sarah s’attache au développement des différents établissements (asiles, orphelinats, dispensaires) que les Diaconesses dirigent à travers la France. Elle s’intéresse aussi particulièrement au sort des femmes emprisonnées, notamment pour cause de prostitution. C’est pourquoi elle va participer à la création du mouvement abolitionniste de l’Anglaise Joséphine Butler en 1877 (l’Union internationale des amies de la jeune fille). Elle fondera sa section française et contribuera à la création de foyers d’accueil.

Lors de l’Exposition universelle de 1889, elle préside un des deux congrès féminins, celui des « Œuvres et institutions féminines » (majoritairement protestantes) qui, sous le nom de « Conférences de Versailles » va continuer à se réunir chaque année. C’est la fusion des « Conférences de Versailles » avec le « Congrès des Droits des femmes », qui, en 1901, sous la pression du Conseil international des Femmes, va former le Conseil National des Femmes françaises qui est la première et la plus importante organisation féminine et féministe de France. C’est tout naturellement que, par son prestige, Sarah en est élue présidente et elle le restera jusqu’à sa mort en 1912. C’est une présidente très active qui va multiplier les interventions en ce qui concerne les droits des femmes, leur instruction, le travail, les salaires, l’hygiène, la santé …  Elle se rallie à la revendication du droit de vote car elle comprend que tant que les femmes n’auront pas un poids politique, leurs droits ne seront pas pris en considération. Pour toutes ces activités elle est décorée de la Légion d’Honneur   en 1911.

Chronique des Amitiés huguenotes internationales, émission SOLAE du dimanche 12 février 2023, à 8h55.

 

1ere de couverture du livre de Gabrielle CadierPour aller plus loin : Article de Gabrielle Cadier, Quelques protestantes pionnières du féminisme, sur le site https://www.huguenots.fr/2013/10

et le récent ouvrage : Gabrielle CADIER, Sarah Monod, Philanthrope et féministe au XIXe siècle, Ampelos éditions, 2022, 121 p., 10 €

 

 

 

 

Photo de manifestantes pour le droit de vote dont Sarah Monod et Julie Siegfried

Sarah Monod et Julie Siegfried manifestant pour le droit de vote des femmes.

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