Jules et Julie Siegfried (Lettre 70)

Par Gabrielle Cadier

 

Photo de Jules Siegfried

     Cette année 2022, la ville du Havre commémore le souvenir de Jules Siegfried et de sa femme Julie, tous deux disparus il y a juste un siècle. En effet, Jules Siegfried,  pour Le Havre, fut beaucoup plus qu’un maire, mais, tout comme sa femme, un réformateur social.

Ce couple fort uni, animé par une foi profonde, une foi tournée vers l’action, partageait le même idéal : améliorer la situation des classes populaires, tant sur le plan matériel que moral. C’est pourquoi le premier domaine de l’action municipale de Jules Siegfried, dès 1871, est l’instruction. Durant son mandat, il fait construire trente écoles, laïques (avant Jules Ferry) s’intéressant aussi au recrutement des maîtres, à l’hygiène des élèves, à leur vaccination, etc… Il crée des bibliothèques populaires, et le premier lycée de France pour les filles.

L’hygiène de la ville l’occupe aussi. Il multiplie les bains-douches et les dispensaires, crée un hôpital. Il dote la ville – et c’est une première – d’un Bureau d’hygiène municipal. Il aurait souhaité que soit créé au niveau national un ministère de la Santé publique, mais il était trop précurseur… Les travaux qu’il a lancés pour l’assainissement de la ville n’ont pas été poursuivis par son successeur.

Le domaine auquel il a laissé son nom, c’est le logement social. Au Havre, il avait créé une société privée pour la construction de logements bon marché, mais devenu ministre et voulant élargir cette politique au niveau national, il a compris que l’initiative privée ne suffisait pas, que les pouvoirs publics devaient intervenir financièrement. La loi Siegfried de 1894 sur les Habitations Bon Marché (HBM) reste encore la base de la politique du logement social.

Quant à Julie son épouse, son action a pris son essor quand, Jules ayant été élu député, le couple s’est installé à Paris (1885). Elle s’est intéressée particulièrement à l’accueil des jeunes femmes venant chercher du travail en ville, favorisant la construction de foyers, de homes, de cercles, et même de maisons de vacances. Elle a secondé Sarah Monod au Conseil national des femmes françaises, créé en 1901, et lui a succédé à la présidence, poursuivant son action en faveur du vote des femmes. Pour toutes les œuvres créées, aidées, présidées, Julie Siegfried a été décorée de la Légion d’honneur en 1919.

 

 

Chronique des Amitiés huguenotes internationales, diffusée à la fin de l’émission SOLAE, sur France-Culture, 2ème dimanche d’octobre 2022.

 

Stèles jumelles de la tombe de Jules et Julie Siegfried au cimetière du Havre

1 réflexion au sujet de « Jules et Julie Siegfried (Lettre 70) »

Laisser un commentaire