L’Eglise française de Londres, dernière église du Refuge active en Angleterre, a réussi à lever assez de fonds (1,4 millions) pour assurer la rénovation, la transformation et l’aménagement de ses sous-sols, en faisant appel aux descendants de huguenots anglais, aux anciens et actuels membres de cette église, confortée par une participation de l’Eglise anglicane et même de catholiques, en dépit des difficultés engendrées par le Brexit et l’augmentation des coûts entre le projet et sa réalisation. Ainsi, le 14 novembre dernier, les locaux rénovés de l’Eglise protestante française de Soho à Londres ont été inaugurés, conjointement à la célébration du souvenir du 11 novembre. Devant une nombreuse assistance, Leila Hamrat, ancienne pasteure, a assuré la prédication. L’Eglise protestante de Soho pourra ainsi continuer à jouer outre-Manche un rôle majeur sur le plan de la spiritualité huguenote et des relations protestantes francophones.
Quelques jours après, le 13 décembre, Tessa Murdoch (conservateur honoraire du Victoria&Albert Museum, qui, tout au long de sa carrière a été particulièrement attentive à tout ce qui touche l’héritage huguenot et l’influence de son savoir-faire dans les arts et l’artisanat en Grande-Bretagne), commissaire de la mémorable exposition « The Quiet Conquest. The Huguenots 1685-1985 » au Museum of London en 1985, dont le remarquable catalogue est épuisé, a présenté son nouvel ouvrage : Europe Divided : Huguenot Refugee Art and Culture (V&A Publishing, 2021, 320 p.40 £.) illustrant la richesse de cet héritage huguenot.
Le Huguenot Museum de Rochester, très éprouvé économiquement par les mesures de confinement, a été malheureusement contraint de fermer ses portes le 2 octobre 2021 et se séparer de sa responsable, mais espère rouvrir en 2022 s’il trouve les fonds nécessaires. Il avait ouvert en 2015 grâce à une subvention de 1,3 million de livres sterling, (1,5 M€) venant du National Lottery Heritage Fund, et ses riches collections mettaient en évidence l’influence et l’apport des savoir-faire des huguenots exilés dans les différents domaines des arts, de l’artisanat (argenterie, ivoire, textiles) et des sciences.
Très dynamique, la Huguenot Society of Great-Britain and Ireland a mis à profit les confinements en développant sa communication électronique par son site, son blog, zoom, et reprend ses conférences en présentiel le 16 mars avec l’intervention du Dr Ian Stone, Huguenots, Whigs and the remodelling of the Masons’Company. Dans le Huguenot Society Journal, vol.34, 2021, signalons, entre autres, un très intéressant article de Philip Mansel sur « The Huguenots, Louis XIV and the courts of Europe : from Westminster to Dresden » allant à l’encontre de leur réputation de républicains hostiles à la monarchie : Louis XIV s’entoura de quelques protestants, et des huguenots servirent des princes catholiques à l’étranger.
La Société huguenote d’Australie évoque dans sa dernière revue Huguenot Times, les Huguenots des Indes orientales, et son secrétaire, Robert Nash, a publié l’année dernière, en Grande Bretagne, A Directory of Huguenot Refugees on the Channel Islands, 1548-1825 (Huguenot Society Quarto Series 63).
L’Association suisse pour l’histoire du Refuge huguenot a consacré son Bulletin 33/1920, deuxième d’une série Sur les traces des huguenots en Europe, aux Pays-Bas, en publiant cinq articles fournis par des historiens néerlandais, réunis par Lucienne Hubler, élargissant le sujet aux Eglises vaudoises et huguenotes, à la vie de la communauté (paroisse, bâtiments, consistoire), et aux différentes vagues de réfugiés, ainsi : Les Eglises wallonnes aux Pays-Bas, par Henk Spoelstra, Un lieu de mémoire spécial. L’église wallonne d’Amsterdam par Willem van Bennekom, La stabilité d’une communauté minoritaire. Le Consistoire de l‘Eglise wallonne d’Amsterdam, 1594-1607 par Edwin Bezzina, Mémoires d’Isaac Treiture – Un huguenot d’Amsterdam par August den Hollander, Le livre de diaconie de l’Eglise wallone à Sandwich par Silke Muylaert, Lotte van Hasselt et Jonas van Tol.
Le pasteur Andreas Flick, président de la Deutsche Hugenotten-Gesellschaft avait consacré son livre intitulé « Drei Mal mehr Hugenottin… als Französin ? Herzogin Eléonore Desmier d’Olbreuse (1639-1722) (Ed. Celle/Bad Karlshafen 2011, www.hugenotten.de) au destin exceptionnel de la huguenote Eléonore d’Olbreuse, née au château d’Olbreuse-sur-Usseau (Deux-Sèvres), qui émigra en Allemagne, épousa Georges-Guillaume de Brunswick, duc de Celle. Presque toutes les familles princières de l’Europe actuelle sont ses descendants, et elle est surnommée « la grand-mère de l’Europe » ! Le dernier numéro de la revue, Hugenotten 4/2021, s’intéresse aux portraits d’Oléonore d’Olbreuse. Le premier, dans la fleur de l’âge, attribué à l’entourage de Pierre Mignard, est conservé au Musée Borman à Celle (Allemagne) ; une copie sur toile présentant quelques variantes réalisée par Louis Toutant en 1910 pour orner le château d’Olbreuse qui appartenait alors à Mme Desmiers d’Olbreuse, est maintenant au musée Bernard d’Agesci à Niort ; et un portrait la représentant plus âgée a été acquis récemment à la mort du collectionneur Helmut Bollmann pour le Residenzmuseum, du château de Celle.
Un film sur Zwingli, réalisé par Stefan Haupt, cinéaste né à Zurich en 1961, « Le Réformateur » revient sur la vie d’Ulrich Zwingli, à l’époque où il s’installe à Zurich au début du XVIe siècle, reconstituée en images de synthèse. Dénonçant dans ses sermons les abus de l’Eglise et réclamant le mariage des prêtres, le futur réformateur tombe amoureux d’Anna Reinhart (Sarah Sophia Meyer) une jeune veuve, mère de trois enfants, qui le soigne alors qu’il est malade de la peste. « L’Année Zwingli » avait été célébrée en 2019 pour le 4ème centenaire de son arrivée à Zurich. Le film est diffusé en DVD par La Cause.
Gabrielle Cadier a évoqué l’histoire du Refuge huguenot au Danemark lors de l’assemblée générale des Amitiés huguenotes internationales. L’Eglise réformée française de Copenhague, ancienne Eglise du Refuge, située en centre-ville, en face du château de Rosenborg, Gothersgade 111, accueille de nos jours quatre communautés protestantes : les paroisses allemande et française depuis 1689, ainsi que, plus récemment les paroisses coréenne (années 1980) et ghanéenne (2015), qui ont chacune leurs propres activités et horaires de culte, et partagent quelques activités communes en langues anglaise et danoise. Un culte en français est assuré habituellement tous les quinze jours, par un pasteur francophone à la retraite venu de l’étranger, depuis peu, le pasteur Olivier Richard-Molard. Le programme complet est présenté sur le site du Consistoire de l’Eglise réformée française de Copenhague et sur sa page Facebook.
Les réunions de la National Huguenot Society aux Etats-Unis ont été perturbées comme celles du monde entier, mais elle a créé et diffusé un joli « pin » émaillé représentant un grand voilier à la coque bleue et aux voiles blanches, emblématique évocation des vaisseaux à bord desquels leurs ancêtres atteignirent les colonies.