La France, objet d’une mission méthodiste épiscopale américaine au XXe siècle (Lettre 64)

Le méthodisme est un mouvement du « réveil » fondé au XVIIIes  en Angleterre par deux pasteurs anglicans, les frères John et Charles Wesley, qui exhortent à une conversion personnelle active. Ils prônent l’évangélisation itinérante, l’action sociale éducative, les missions dans le monde entier. Le méthodisme s’est répandu en France où il est à l’origine des premières Ecoles du Dimanche et l’œuvre méthodiste la plus connue est l’Armée du Salut fondée par le pasteur William Booth et développée en France par sa fille Catherine.


Aux Etats-Unis, une branche du méthodisme se démarqua de l’Anglicanisme après la guerre d’Indépendance, fonda de nombreuses écoles, collèges et églises, puis envoya des missions dans le monde entier.
En 1905, l’Eglise méthodiste épiscopale américaine décide d’envoyer une mission en France. Un missionnaire, organise des réunions d’évangélisation dans la région de Grenoble et des pasteurs s’investissent dans les foyers d’Unions chrétiennes et YMCA (les Young Men and Women Christian associations).

En 1914, ils participent à l’effort de guerre aux côtés des associations humanitaires et comme aumôniers. Au lendemain de la guerre, la Mission forme un Comité de secours et de reconstruction en France. Les autorités françaises lui confient 32 villages dévastés autour de Château-Thierry, dans un secteur particulièrement éprouvé de la 2nde bataille de la Marne, où les Américains remportèrent la décisive bataille de Bois-Belleau en 1918, au prix de milliers de morts.

Comment venir en aide à la population restée sur place et aux réfugiés, majoritairement des femmes seules et des enfants, qui manquent de tout ? Le pasteur méthodiste, Julian Wadsworth se fixe à Château-Thierry. Il commence par des distributions de vêtements et d’objets de 1ère nécessité, puis la mission achète un ancien hôtel bombardé, le restaure et cible son aide « sur les bébés et les jeunes français qui prendront la place du million 700 mille hommes tués dans la guerre ».
Crèche, garderie, surveillance médicale infantile, bibliothèque, cours d’anglais et d’esperanto, modelage et sculpture, sténodactylo, couture, scoutisme, gymnastique et divertissements y sont proposés gratuitement pour épauler une jeunesse épanouie, sportive et sociable.

La Carte-postale de la chapelle méthodiste de la rue Roquépine.mission méthodiste épiscopale américaine coiffait aussi depuis ses bureaux domiciliés à la chapelle méthodiste du 4 rue Roquépine (édifié en 1962 par la société wesleyenne anglaise, en face du temple du Saint Esprit, détruit en 1977)
à Paris, la Fondation du Foyer retrouvé qui prit en charge des orphelins de guerre dans des foyers-écoles où ils bénéficièrent d’une éducation chrétienne doublée d’une formation pratique, dont une école d’agriculture à Charvieu dans l’Isère.

Cette mission méthodiste américaine en France s’interrompit en 1930, la crise financière restreignant ses ressources, et reporta ses efforts sur des missions en Afrique, mais elle veilla à ce que la plupart de ses fondations en France perdurent. A Château-Thierry, le Methodist-Memorial fut cédé à la Ville dont elle devint le foyer social sous la dénomination de « Maison de l’Amitié-franco américaine ». Le Dr. Wadsworth et sa femme ont laissé le souvenir de généreux philanthropes. Ils n’ont pas cherché à convertir, mais à éduquer et transmettre des valeurs humanistes et chrétiennes à une jeunesse née dans les ruines de la Grande guerre.

 

Une double exposition au temple de Château-Thierry marque, jusqu’au 16 août 2019, le centenaire du début de cette œuvre sur les bords de la Marne, tout en retraçant l’histoire du méthodisme grâce aux panneaux d’une exposition montée au musée du Poët-Laval il y a quelques années.
Château-Thierry est à 85 km de Paris et un autre legs, celui du temple-mémorial américain et ses magnifiques vitraux y est aussi à découvrir.

 

par Christiane Guttinger

(Chronique mensuelle des Amitiés huguenotes internationales diffusée sur France Culture, à 8 h 55, le 4 aout 2019).

 

 

Pour aller plus loin :
Jean-Louis Prunier, Patrick Streiff, Jean-François Zorn, Facettes du Méthodisme français, Ed. Ampelos, 2016, synthèse de deux journées d’étude 2014 et 2015 de la SEMF -Société d’études du méthodisme français.
Site internet de la Société d’Etudes du Méthodisme Français : www.methodismefrancais.wordpress.com

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