2019 est l’année Zwingli à Zurich, et au-delà, dans toute la Suisse. De nombreuses commémorations du réformateur suisse sont ainsi programmées tout au long de l’année. Depuis quelques semaines déjà, Zwingli a fait « une entrée fracassante » sur les écrans de la Suisse alémanique, avec un film de Stefan Haupt qui retrace les débuts de la Réforme à Zurich, et les moments-clés de la vie de Zwingli.
Ulrich Zwingli est né en 1484 dans une famille paysanne aisée du canton de Saint-Gall. Tout jeune, il est confié à un oncle prêtre qui le pousse dans les études latines. A 19 ans, il s’inscrit à l’Université de Bâle, où il obtient quatre ans plus tard le degré de maître ès arts. En 1506, il commence un cursus de théologie. Là-dessus il est ordonné prêtre et nommé curé dans le canton de Glaris.
Il poursuit là sa formation en autodidacte, apprenant le grec et lisant Erasme.
En même temps, il accompagne comme aumônier les troupes des Suisses mercenaires, engagés sur les champs de bataille à l’étranger, en particulier à Marignan (1515). De retour à Glaris, il critique haut et fort le système du mercenariat, qui coûte tant de vies. Il dérange.
Zwingli est alors envoyé, en 1516, comme curé de l’abbaye d’Einsiedeln, lieu de pèlerinage à la Vierge très fréquenté. Là, il suit de près les publications d’Erasme, et fait sienne la démarche humaniste de retour aux sources pures de l’Ecriture, concentrées sur l’Evangile du Christ. Il découvre peu après les premiers écrits de Luther, et partage la radicalité du message : le salut par pure grâce de Dieu, la liberté du chrétien, l’Ecriture seule autorité pour le croyant. Mais plus que Luther, Zwingli s’attache en humaniste au travail sur l’Ecriture.
En 1519, Zwingli est appelé à Zurich pour être curé de la collégiale. 1519, c’est la date qui est commémorée cette année, comme le point de départ de la Réforme de Zwingli à Zurich. En effet, aussitôt arrivé, Zwingli prêche sur les textes du Nouveau Testament, livre après livre. Il est suivi par un groupe croissant de collègues et de fidèles. En 1522, au début du carême, il participe à un repas entre amis, où l’on mange des saucisses : scandale ! L’affaire remonte à l’évêque de Constance. Zwingli défend les mangeurs de saucisses, au nom de la liberté chrétienne à l’égard des commandements de l’Eglise. Dans les mois suivants, il critique le célibat des prêtres, puis le culte des saints, bref des superstitions. Les réactions à Zurich sont parfois violentes, entre les supporters de la Tradition et les « progressistes ». Les autorités de la ville soutiennent plus ou moins Zwingli.
En janvier 1523, elles organisent un grand débat public mettant face à face Zwingli et ses adversaires. A Zwingli de présenter ses thèses, aux ecclésiastiques participants de le contredire, la Bible étant seule admise pour l’argumentation. A l’issue de cette « dispute », le Conseil de Zurich donne raison à Zwingli, qui peut continuer à prêcher l’Evangile dans le sens réformateur.
En ville et dans les campagnes environnantes, l’agitation repart de plus belle. On casse des images dans les églises, on refuse de payer la dime au clergé, certains critiquent les baptêmes des nouveau-nés. Et Zwingli se marie.
Pour reprendre la main, les autorités de la ville prennent elles-mêmes des mesures radicales, en 1524 et 1525 : l’enlèvement des images de toutes les églises, et la suppression de la messe, remplacée par des offices de prédication en langue vulgaire et la communion de tout le peuple avec du pain et du vin, en mémoire du dernier repas du Christ.
Zwingli est excommunié. A Zurich, il doit batailler aussi, durement, contre de plus radicaux que lui, les « anabaptistes », partisans du baptême d’adulte.
La ligne réformatrice de Zwingli est adoptée à Berne en 1528, puis à Bâle et Saint-Gall. La Confédération helvétique est alors divisée entre cantons fidèles à Rome et cantons « évangéliques ». En 1531, les deux camps s’affrontent militairement. Zwingli trouve la mort à la bataille de Kappel, où il est aumônier des troupes de Zurich.
La défaite du camp évangélique à Kappel arrête l’extension de la Réforme en Suisse alémanique. C’est dans les terres francophones du canton de Berne et à Neuchâtel que la Réforme de Zwingli va rebondir, sous l’impulsion du Dauphinois Guillaume Farel. De là une nouvelle histoire, plus connue, avec Calvin.
par Louis Burkard
(Culture protestante, chronique mensuelle des Amitiés huguenotes internationales,
diffusée sur France Culture, à 8 h 55, le 5 mai 2019).