Un centenaire : le Comité protestant de propagande à l’étranger, aux origines du Comité protestant des amitiés françaises à l’étranger

Lorsqu’en 1915, il est apparu que la guerre serait beaucoup plus longue que ne l’avaient fait croire les états-majors en août 1914, les autorités françaises ont jugé nécessaire de modifier les rapports de force entre les deux blocs belligérants en tentant de faire basculer certains pays neutres dans le bloc des Alliés.

A l’instar d’autres comités créés à la même époque, un Comité protestant de propagande française à l’étranger a été mis en place en juin 1915 à l’instigation du Conseil de la Fédération protestante de France. Edouard Gruner, son président, justifiait ainsi le nouveau comité : Il est « une création … du protestantisme tout entier, considéré comme une des forces morales de la France et comme un trait d’union indispensable avec les puissantes organisations religieuses des Etats-Unis, de Hollande, des Pays scandinaves et de Suisse »

Le bureau du Comité constitué en 1915, présidé par le grand juriste André Weiss, comporte douze membres : des hommes en vue, âgés, pourvus de réseaux internationaux, notamment dans les sociétés de descendants des réfugiés huguenots.

Pendant les années de guerre, le Comité protestant de propagande s’est employé à justifier auprès des protestants des Etats neutres la guerre menée par les Alliés : une guerre juste, pour la cause du Droit et de la liberté, les principes mêmes de la Réforme protestante, contre l’Allemagne devenue une puissance barbare, infidèle à la Réforme. Tels sont les thèmes que le Comité protestant de propagande développe dans ses publications – le Bulletin protestant français, des brochures en plusieurs langues, régulièrement rédigés et traduits par les membres du Comité. Ces thèmes sont aussi diffusés de vive voix. Le Comité organise des tournées de conférences dans les différents pays neutres, et la réception de représentants des Eglises protestantes de l’étranger. Ces efforts ont ainsi contribué à l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917.

En 1918, peu avant l’armistice, le révérend Charles S. Macfarland, secrétaire général de la grande fédération des Eglises protestantes d’Amérique, a fait une grande tournée en France où il a pu exalter l’amitié franco-américaine. Au moment de la signature de l’armistice, le Comité protestant de propagande française à l’étranger était devenu une institution incontournable dans le paysage du protestantisme français.

Avec la fin de la guerre, sa tâche n’était cependant pas achevée. Le rythme des échanges de visites entre Alliés s’accéléra. Au fil du temps, il y eut des rencontres dans des pays neutres. Puis des rencontres en Allemagne aussi, entre ceux qui avaient à leur manière servi leur pays des deux côtés de la tranchée.

Ainsi, insensiblement, la mue s’est effectuée. Le mot « Amitiés », d’abord murmuré, a été officiellement proclamé en 1927 : c’est alors qu’est né le Comité protestant des amitiés françaises à l’étranger.

 

par Louis Burkard

Émission du Comité protestant des amitiés françaises à l’étranger diffusée sur France Culture, à 8 h 55, le 1er mars 2015.

 

Pour en savoir plus sur Le Comité protestant de propagande française à l’étranger, reportez-vous à l’article de Denis Carbonnier, dans le numéro spécial du Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français, « Les protestants français et la première guerre mondiale », paru en mars 2014.

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