Qu’évoque pour vous le Lubéron ? Les cigales, le soleil, des villages perchés appréciés des artistes ? Qui pense à cette terre en tant que lieu de mémoire protestant ?
Et pourtant, Merindol, ce petit village des bords de la Durance, entouré de champs d’oliviers, est surmonté d’un éperon rocheux hérissé de ruines… Il est devenu le symbole du martyr subi par les vaudois, disciples de Valdo.
Valdo est un riche marchand lyonnais. Dès le XIIe siècle, il demande à deux moines de traduire des passages de la Bible en franco-provençal, sa langue maternelle. La découverte de cette lecture le conduit à changer de vie. Il distribue ses richesses aux nécessiteux, lit et commente librement les textes bibliques en langue populaire. Il fait des émules, mais la prédication professée par un laïc est bannie par l’Eglise romaine. Valdo est expulsé de Lyon et excommunié.
Le mouvement des « pauvres de Lyon » se répand en Italie, Suisse, Allemagne, Autriche et, en France, essentiellement en Dauphiné, terre d’empire jusqu’en 1349, divisée par des querelles entre les seigneurs locaux et l’évêque d’Embrun.
Les vaudois persécutés pour hérésie, se réfugient dans les hautes vallées des Alpes méridionales, des deux cotés du col du mont Genèvre.
A la fin du XVe siècle, le Lubéron, ravagé par la guerre, le brigandage et la peste, a perdu 60% de sa population. Afin de remettre leurs terres en valeur, les seigneurs du Lubéron font venir environ 6 000 vaudois des vallées alpines du Dauphiné et du Piémont. Une centaine s’installe à Mérindol en 1504, d’autres à Lourmarin, dans la vallée d’Aigues, Cabrières d’Avignon, Roussillon, Murs et sur d’autres sites de la région. Ils reconstruisent hameaux et bastides, ces grosses fermes à l’écart des villages, remontent les terrasses qu’ils plantent d’oliviers et de céréales, façonnent les paysages que nous connaissons aujourd’hui.
Ils forment la majorité de la population, s’intègrent à la vie sociale. Ils pratiquent extérieurement les rites catholiques, mais reçoivent chez eux l’enseignement de leurs pasteurs qu’ils appellent « barbes ». Portant en germe tous les prémices de la Réforme, les vaudois y adhèrent massivement. C’est alors que François Ier et le Pape prennent conscience de l’ampleur de la vague réformée.
Ordre est donné aux évêques et aux Parlements de poursuivre l’«hérésie vaudoise et luthérienne ». Sur les 2 000 personnes inquiétées pour leur foi en Provence, les 2/3 sont vaudois !
L’affaire du moulin du Plan d’Apt met le feu aux poudres : en 1545, le Parlement d’Aix condamne dix neuf vaudois de Mérindol à être brûlés vifs. Ils ont saccagé le moulin tombé dans l’escarcelle royale, suite de l’exécution de son propriétaire vaudois.
L’expédition militaire punitive commandée par le capitaine Polin est escortée par Meynier d’Oppède, le 1er président du Parlement de Provence en personne. De son côté, l’armée du légat du pape investit Cabrières d’Avignon.
Tous les villages vaudois abandonnés par leurs habitants sont mis à sac, pillés et détruits. Les vaudois restés sur place sont massacrés ou envoyés aux galères, les femmes violées, les biens confisqués… Seules quelques familles parviennent à s’enfuir et à gagner Genève…
Le sac de Mérindol constitue l’épisode le plus connu de cette violente répression ; il eut un retentissement négatif dans toute l’Europe, et en particulier auprès des princes protestants.
De nos jours, l’Association d’Etudes vaudoises et historiques du Luberon anime, à Mérindol, un petit musée. Des panneaux extérieurs contribuent à faire connaître l’histoire tragique des vaudois du Lubéron.
Si vous avez le courage de grimper le long du « sentier des Huguenots » jusqu’au Mémorial, vous serez récompensé de vos efforts par une vue époustouflante à 360° sur les Préalpes, et la vallée de la Durance.
Vous pouvez aussi visiter son site : http://www.vaudoisduluberon.com/ et nous remercions M. le pasteur Deuker des textes qu’il nous a fournis, à partir desquels nous avons élaboré cette émission).
par Christiane Guttinger
(Émission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger diffusée sur France Culture, à 8h55, le 6 mai 2012)
madame, monsieur,
je possède un cimetière huguenot famillial à NIEULLE SUR SEUDRE.
Je suis ferru d’histoire et j’aimerai partager mon projet.
merci
bonjour
je m’interresse à votre histoire…
merci pour la lecture de ces faits….
bien cordialement…
A MOUIS.
Merci pour ce site qui m’a apporté des informations intéressantes et m’ont rappelé notre histoire construite souvent sur des actes de liberté et de courage.
Bien fraternellement
Catherine
Triste époque, Triste épisode de notre histoire, j ai beaucoup d amis Vaudois, des gens de grande valeur que j apprécié beaucoup.
Bonjour,
Un grand merci pour votre article.
Je voulais vous signaler que nous avions changé de site internet : http://www.vaudoisduluberon.com/
Amitiés.
Il y a un petit village dans la Drôme provencale où quelques fuyards du Lubéron sont venus,se sont cachés et on fait souche pour se reconnaître entre eux, ils se sont fait appeler ( les merindols) presque toutes les vieilles familles de cette région ont un ( merindol) dans leurs ancêtres