C’est le 11 Juin 1915, après onze mois de guerre et d’invasion que fut constitué au sein de la Fédération protestante de France, présidée par Edouard Gruner, un Comité Protestant de Propagande Française à l’Etranger. A la même époque fut crée un Comité Catholique de Propagande Française à l’Etranger. La présidence en fut confiée à André Weiss, de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, éminent juriste, plus tard vice-président de la Cour Permanente de Justice Internationale de la Haye. Il tint des réunions hebdomadaires dans une salle de l’église de l’Oratoire du Louvre, au cours desquelles prenaient la parole Raoul Allier, Secrétaire général, Charles Wagner, Paul Doumergue, directeur de la revue Foi et Vie, John Viénot, directeur de la Revue Chrétienne, Frank Puaux et bien d’autres.
Le but du Comité était de faire entendre la voix du protestantisme français dans les pays neutres, pour attirer leur sympathie pour notre pays. Il édita mensuellement le Bulletin Protestant Français et de nombreuses publications en Allemand, en Suédois, en Hollandais et en Anglais. Le pasteur André Monod devint le secrétaire général, et des missions eurent lieu en Suisse, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis, en 1917, en Angleterre et en Ecosse en 1918.
Après la paix, le nom fut modifié en Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger. Paul Fuzier, conseiller d’Etat, avait succédé à André Weiss à la présidence en 1919 et le Comité s’occupa des régions libérées et dévastées par la guerre, en collaboration avec le Comité Protestant d’Entr’aide. Il collecta des capitaux en Amérique, en Angleterre, en Suisse, et même en Allemagne, il faut le souligner, pour la reconstruction des temples de Reims et de Château-Thierry, ce dernier inauguré en grande pompe en 1924. A cette occasion le Comité fit -déjà- une émission radiophonique. Il s’installa cette même année dans le nouvel immeuble du Protestantisme Français, au 47 rue de Clichy, qu’il avait aussi contribué à financer par des appels aux Etats-Unis.
Le Comité orienta son action vers de nouveaux pays : la Pologne, la Hongrie, l’Autriche et la Tchécoslovaquie, et l’Amérique du Sud, tout en restant en contact avec les pays où s’était établi le Refuge huguenot. Il rendait visite aux sociétés huguenotes, et accueillait leurs représentants en France. Il participa notamment à l’érection à Dieppe du monument commémoratif de Jean Ribaut, qui avait mené une tentative de colonisation huguenote envoyée par Coligny en Floride. Il était en rapport avec les églises protestantes de langue française établies aux Pays-Bas, à Londres, à Edimbourg et à Glasgow, à New-York, Philadelphie et Washington, de même qu’au Caire et à Alexandrie.
En 1935, le Comité cessa d’être simplement un département de la Fédération Protestante de France, pour devenir une association selon la loi de 1901. Cette même année, il négocia pour l’achat de la Chapelle Ecossaise d’Alger, et il se fit attribuer un Prix de l’Académie Française. Avant la deuxième guerre mondiale, le Comité, subventionné par le Ministère des Affaires Etrangères, organisait des tournées de conférences dans différents pays européens et américains.
Au début de la guerre, le Comité fut très actif dans de nombreux pays. Paul Fuzier cèda en Mars 1940 la présidence au Comte de Douville-Maillefeu, tandis qu’André Siegfried devenait Vice-président. Le Comité publiait une brochure Why France is at war, témoignait sa sympathie à la Finlande envahie, recevait des personnalités tchécoslovaques et une délégation de l’Eglise d’Ecosse à Paris. Puis ce fut la débacle. Moins d’un mois après l’entrée de la Wehrmacht à Paris, en juillet 1940, eut lieu une saisie des papiers du Pasteur Boegner à son domicile, puis de ceux de la Fédération Protestante de France et du Comité, rue de Clichy. Ce sont ces papiers, récupérés par les troupes soviétiques à Berlin, puis restitués par la Russie en 1994, qui ont permis de reconstituer en partie cette histoire.
Le Comité a repris ses activités en 1946, se spécialisant dans les contacts avec les Sociétés Huguenotes dans le monde. Cela est une autre histoire, qui pourra être évoquée une autre fois.
Ainsi le Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger est-il l’héritier d’une longue tradition de relations internationales, dans les moments de crise et dans les moments de paix.
(Emission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger diffusée le Dimanche 2 Mars 1997 à 8h25 sur France Culture).
par Thierry Du Pasquier, président
« La Lettre » N°19 de Mai 1997