En 1562, moins de 2 mois après le massacre de Wassy qui marque le début des guerres de religion, la ville de Lyon fut, à la suite d’un coup de main, et pendant presque un an, gouvernée par un consulat à majorité protestante et tenue par le baron des Adrets, puis par Jean de Parthenay-Larchevêque, seigneur de Soubise, envoyé par le chef protestant Louis de Condé. Une exposition actuellement présentée aux archives Municipales de Lyon jusqu’au 27 février 2010, replace cet épisode dans le contexte de la vie politique, religieuse, sociale et culturelle de Lyon au XVIe siècle.
Lyon est alors un grand carrefour économique et culturel international, aux confins des routes européennes, venant des pays du Nord, d’Italie et d’Espagne, reliée au monde méditerranéen par la vallée du Rhône. Un des commerces les plus lucratifs est déjà celui de la soie et du drap. Les marchands allemands et suisses des villes passées à la Réforme s’y croisent à l’occasion de 4 foires annuelles, colportent les nouvelles et diffusent des imprimés venant de Genève où œuvrait Calvin. A la faveur de ces échanges, Lyon devient un foyer humaniste majeur, au point qu’on a pu la qualifier de « capitale intellectuelle du royaume« . Elle est le second centre d’imprimerie de France qui fait travailler environ un millier de personnes, réparties en 20 métiers, du correcteur à l’illustrateur. Cette activité est concentrée essentiellement autour de la rue Mercière, dans la Presqu’île, où habite la majorité des protestants qui constituent environ 1/3 de la population. Le collège de la Trinité est un lieu de diffusion des idées nouvelles. La plupart des pasteurs dont Pierre Viret viennent de Genève.
Pendant quelques mois, la religion réformée est imposée, des églises saccagées avec une violence iconoclaste, et la ville percée de nouvelles artères subit de nombreux changements urbanistiques. La Lyon protestante éphémère, capitule. L’édit d’Amboise de 1563 accorde les mêmes droits aux deux confessions, et trois temples sont construits dont celui du Paradis[1]. En 1564, une citadelle est édifiée sur les pentes de la Croix-Rousse pour permettre aux troupes royales de surveiller les protestants.
Le reflux réformé est ensuite rapide, les temples sont démolis en 1567. Lyon redevient une ville catholique, au point de se livrer à la Ligue de 1589 à 1593. La paix revenue, Henri IV, converti au catholicisme la choisit afin d’y célébrer son mariage avec Marie de Médicis en 1600.
L’exposition des Archives de Lyon présente des pièces exceptionnelles qui ne sont jamais montrées au public en raison de leur fragilité : le fameux placard de 1534, des livres, bibles et psautiers, des lettres royales munies de leur sceaux, des manuscrits, des libelles dont des satyres catholiques. Gravures, tableaux et objets comme la maquette du temple du Paradis illustrent cette présence protestante de l’époque.
Un des documents phare est le plan scénographique de Lyon, gravé à l’eau forte, un peu antérieur à 1550, divisé en 25 planches et qui a été réassemblé pour l’exposition[2]. Il offre un état précis des lieux en une perspective aérienne plongeante sur la ville située au confluent du Rhône et de la Saône. Un autre plan, surchargé du dessin de la citadelle de la Croix-Rousse a été découvert en été 2009 dans les archives municipales de Turin, car ramené à l’époque par un espion turinois. Il est exposé pour la 1ère fois.
Nous vous incitons donc vivement à visiter cette exposition présentée aux Archives de Lyon[3], dont une magnifique publication pérennise[4] le souvenir. Lyon a toujours une vocation de ville carrefour et le TGV a encore raccourci les distances qui la séparent des villes françaises et européennes…
(Émission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger diffusée sur
France Culture, à 8h25, le 7 février 2010)
par Christiane Guttinger[5]
lettre N°45
[1] Les autres temples sont celui de la Fleur de Lys et celui des Terreaux.
[2]Conservé par les archives municipales de Lyon, il mesure 1,70 m x 2,40 m une fois assemblé !
[3] 1 place des Archives, 69002 Lyon jusqu’au 27 février 2010
[4] Yves Krumenaker (sous la direction de) avec des articles de Olivier Christin, Marc Desmet, Elsa Kammerer, Aymeric Langlois, Jean-Michel Noailly, Jacques Rossiaud, Eulalie Sarles, Dominique-Antonio Troilo, Pierre-Jean Souriac :Lyon 1562, capitale protestante, Une histoire religieuse de Lyon à la Renaissance, Ed Olivetan, Archives municipales de Lyon, 2009, 336 p. nombreuses illustrations, 25 €.
[5] d’après les documents aimablement fournis par Mme Mireille Monod, secrétaire de l’Eglise réformée de Lyon que je remercie infiniment.
Je possède une édition de l’institution de Calvin datée de 1562. le nom de l’imprimeur n’y figure pas, mais une gravure représentant une moisson figure sur la première page entourée du verset La moisson est grande mais il y a peu d’ouvriers. Connaissez vous le nom de l’imprimeur et le lieu où ce texte a été édité ? Merci de votre réponse.
Cher Monsieur,
Avez-vous toujours cette édition?
Salutations les meilleures,
Max Engammare
(éditeur de Calvin)