Voici cent ans, Louis Breguet , un jeune ingénieur et industriel protestant conçoit en 1907, à Douai, le premier appareil à voilure tournante, « le Gyroplane n°1 ». Il l’a doté de 4 ailes de 8 mètres de diamètre et d’un moteur de 40 chevaux. Au second essai l’appareil se soulève d’1 mètre 50, mais ne peut se diriger et se brise en touchant terre.
En 1908, Louis Bréguet lance son « Gyroplane n°2 » équipé d’une voilure fixe planante et de deux rotors inclinés sur l’avant. Il s’élève de 4 mètres sur une distance d’environ 100 mètres… Mais une tempête détruit le prototype dans son hangar.
Faute de moteurs assez puissants, Louis Breguet abandonne provisoirement les voilures tournantes. Il construit alors son premier aéroplane en 1909 et passe le tout nouveau brevet de pilote. Il met au point les fameux biplans qui remportent plusieurs records de vitesse et un record du monde en transportant 11 passagers en 1911.
Cette même année, il fonde à Douai, avec son frère Jacques, la Société anonyme d’aviation Louis Breguet puis crée un atelier de montage et de réparation à Villacoublay.
En 1913 il s’intéresse aux hydravions et remporte la grande médaille d’or du Ministère de la Marine.
A la déclaration de guerre, en qualité de sergent-aviateur, il participe à la défense de Paris en effectuant plusieurs missions de reconnaissance au dessus des lignes allemandes, dont celle de septembre 14 qui amène Galliéni à lancer les taxis de la Marne. Il est décoré de la Croix de Guerre.
Il conçoit alors le Breguet 14, un avion de reconnaissance et de bombardement, entièrement métallique et aux performances très élevées. Construit à 8 500 exemplaires, il équipera la plupart des armées alliées, dont l’aviation américaine.
Les ateliers de Villacoublay ne suffirent plus pour assurer les livraisons, malgré des agrandissements incessants et le travail de plus de 1800 ouvriers. Il fallut faire construire ce type d’appareil par d’autres constructeurs.
Après l’armistice, Louis Bréguet poursuit ses activités industrielles.
Parallèlement, il fonde en 1919 la Compagnie des Messageries Aériennes, qui fusionnera plus tard avec d’autres compagnies pour former Air France.
Le Breguet 14 entamera aussi une glorieuse carrière civile dans l’Aéropostale, piloté notamment par Mermoz et Saint Exupéry.
Une version spéciale du Breguet 19, baptisée « Point d’Interrogation », permettra à Costes et Bellonte d’effectuer la 1ère traversée Paris – New York sans escale, au dessus de l’Atlantique Nord en 1930.
Louis Breguet meurt en 1955, mais la Société Breguet Aviation continuera à produire jusqu’en 1970 où elle est reprise par le groupe Marcel Dassault.
Louis Breguet n’est pas le seul pionnier de la famille : ses ancêtres directs, protestants français réfugiés en Suisse, puis revenue en France, s’étaient déjà illustrés dans plusieurs domaines par leur esprit inventif.
Ainsi, Abraham-Louis Breguet , né à Neuchâtel, fonde sous Louis XVI une entreprise d’horlogerie à Paris. Il invente de nombreux mécanismes qui placent la France au 1er rang de l’industrie horlogère de l’époque. On peut dire qu’il est le père de la montre moderne avec, entre autres, les montres « perpétuelles » qui se remontent toutes seules, et la 1ère montre bracelet créée pour la sœur de l’Empereur, Caroline Murat.
Son petit-fils, Louis-François Breguet est horloger et physicien. Il développe la télégraphie dans le domaine aérien et ferroviaire.
Le fils de ce dernier, Antoine Bréguet introduit en France le téléphone de Bell dont il produit une version améliorée.
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Le 1er juin, le Comité protestant des Amitiés françaises à l’Etranger vous parlera des « Pionniers du Québec originaires du Poitou », sujet de l’exposition estivale du Musée du Poitou Protestant, à Beaussais.
(Emission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger, diffusée sur France-Culture à 8h25, le dimanche 4 mai 2008)
Lettre N°41