Jean-Antoine, dit John Bost, est nommé pasteur à La Force en 1844. Sensibilisé aux douloureux problèmes de son époque, il n’a cesse de faire partager ses préoccupations à la paroisse ; grâce à des dons et au travail bénévole de sa communauté, un premier pavillon, « La Famille évangélique », est construit en 1848. Il est destiné à recueillir et à former des jeunes filles en danger moral. Jusqu’à la mort de John Bost en 1881, neuf pavillons seront créés.
Aujourd’hui, avec ses 981 salariés, la Fondation John Bost accueille, soigne, accompagne au long cours 1025 personnes polyhandicapées, handicapées, malades mentales et personnes âgées. 22 pavillons accueillent les résidents dans un environnement paisible et ouvert, sans murailles ni barrières : 19 en Dordogne sur 200 hectares et 5 communes, 1 dans le Tarn et Garonne, 1 en Haute Vienne, 1 bientôt en Seine Maritime. Chaque pavillon est spécifique et complémentaire des autres. Les pavillons sont unis entre eux par une même motivation, un même esprit de service.
« Sur leur chemin nous plaçons des fleurs »
« Ceux que tous repoussent, je les accueillerai au nom de mon Maître »
« Je ne regarde pas à ce que j’ai fait, mais ce que j’ai à faire ».
Trois phrases- clef pour comprendre comment John Bost a conçu et fait évoluer les Asiles de la Force de 1848, date de l’inauguration du 1er pavillon jusqu’en 1881, date de sa mort et de la construction du 9ème pavillon. Pour comprendre aussi comment les générations qui lui ont succédé ont pu récolter ce qu’il avait semé, et planter à leur tour.
« Sur leur chemin nous plaçons des fleurs »
En 1848 comme en 1998, cela signifie la reconnaissance de l’image de Dieu dans tout être humain. C’est une réponse, empreinte de l’espérance évangélique, à la souffrance des personnes malades mentales et de leur famille. Les fleurs se sont appelées Bethesda, Soloé, Eben Hezer, évocations bibliques de l’amour de Dieu pour tout être.
150 ans plus tard, les fleurs sont encore présentes, concrètement, avec les ateliers d’horticulture, symboliquement à travers le milieu de vie offert aux résidents.
«Ceux que tous repoussent, je les accueillerai au nom de mon Maître »
En 1848 comme en 1998, cela signifie un accueil presqu’au delà du possible, une ouverture à des détresses peu ou pas prises en compte ailleurs. Pour ceux-là, John Bost, qui n’était ni médecin, ni psychologue, ni pédagogue, a su gérer les intuitions fortes qui lui ont été inspirées par sa foi. L’approche globale de la personne, l’évolutivité, la mise en activité, la socialisation sont autant de concepts, inconnus à l’époque, et que John Bost a cultivés en vivant avec ceux que tous avaient repoussés. John Bost avait également cette forte conviction que ses protégés étaient parmi les premiers destinataires de l’Evangile. Aujourd’hui encore, un aumônier et un catéchète, entourés de nombreux bénévoles, assurent l’accompagnement spirituel des résidents qui se révèlent témoins de l’Evangile, pas seulement bénéficiaires, mais aussi acteurs.
« Je ne regarde pas à ce que j’ai fait, mais à ce que j’ai à faire »
En 1848 comme en 1998, cela signifie croire à une évolution toujours possible, à un devenir, même pour ceux qui semblent en être privés de naissance.
Au moment où elle fête ses 150 ans, la Fondation John Bost pourrait contribuer à réhabiliter la durée, à contre-courant de la mode actuelle en matière de soins, qui est à la brièveté et à l’intensité. Globalité, cohérence et durée, c’est le choix que la Fondation a fait, en réponse aux milliers de demandes reçues de toute la France. Il répond à un vrai besoin de société.
La Fondation John Bost retrouve dans le passé le moteur pour le travail d’aujourd’hui, et un élan pour l’avenir. Dans le passé comme aujourd’hui, la Fondation a toujours cherché à s’enraciner dans la foi, l’espérance et l’amour.
Parmi les événements marquants de cette année d’anniversaire : la rencontre annuelle de l’Entraide protestante sur le thème « Les exclusions : fatalité ou injustice ? », la fête annuelle les 6 et 7 Juin au cours de laquelle les résidents donneront un spectacle autour du roman d’Hector Malot « Sans famille » . Signe concret de la spécificité de la Fondation John Bost en matière de soins, un colloque scientifique sera organisé les 19 et 20 Novembre sur le thème de la psychiatrie à l’aube de l’an 2000, un passé sur lequel fonder un avenir.
(Émission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger, diffusée sur France-Culture, le dimanche 5 avril 1998, à 8h25. Texte lu par le pasteur Jean Arnold de Clermont)
Renseignements ou dons à : Fondation John Bost, 24130 La Force (Tel.05 53 58 01 03)
par Danièle MOREL-VERNIOZ
« La Lettre » N°21 d’ Avril 1998