Charlotte Amélie, Reine de Danemark en 1670, épouse de Christian V de Danemark, second monarque absolu de ce pays qui voulait alors politiquement imiter la France, est l’unique souveraine calviniste qui ait régné sur ce pays très officiellement luthérien depuis 1536.
Elle eut quatre enfants de son époux, et Christian V fut pour sa femme un parfait gentilhomme. Il avait eu la chance de la rencontrer à ses quatorze ou quinze ans lors d’un voyage en Hesse, chez son père le prince de hesse-Cassel et sa mère une marquise de Brandebourg. On possède peu de tableaux la représentant, mais elle avait un frais minois, de type presque méridional, qui a dû plaire au futur fiancé, lassé peut-être des beautés walkyriennes de son propre pays.
Christian V fit beaucoup pour qu’elle devint son épouse en négociant un contrat de mariage lui reconnaissant le droit de rester calviniste, d’avoir un chapelain et des serviteurs de cette confession méprisée au Danemark ; en retour, elle apprit le danois tant lu, écrit, que parlé, dans une cour essentiellement germanophone.
Elle fit prendre en contrepartie un édit de tolérance à son époux et construisit, face à la Résidence d’Eté et au Jardin de Rosenborg, où sont conservés maintenant à Copenhague les trésors de la Couronne, une église d’une grande sobriété, « Den Reformierte Kirke ». Elle y fit travailler des artisans huguenots parmi les premiers artisans français de son refuge et ils réalisèrent là un chef d’œuvre baroque de la sculpture sur merisier du XVIIe siècle : la table de communion et la chaire, face aux loges ornées et surélevées de la reine et de sa suite, qui occupaient ainsi les meilleures places…
Cette église et sa paroisse sont toujours vivantes. L’Eglise réformée de Copenhague fait célèbrer des cultes en allemand et en français ; le pasteur actuel de l’Église réformée de Stockholm, Jean Luc martin, vient à Copenhague une fois par mois, prêcher en français.
Le 27 avril de cette année, des membres de la paroisse se sont réunis en la cathédrale royale de Roskilde, le Saint-Denis danois, là où sont enterrés tous les souverains danois. Ils y ont déposé une couronne de fleurs sur la tombe de la fondatrice de leur église à l’occasion du 350ème anniversaire de sa naissance. Dans un discours, ils ont exprimé leur reconnaissance de pouvoir toujours célébrer leur culte selon les langues originelles de leurs familles et les rites réformés. Tout cela grâce à la piété, l’énergie et la générosité de leur défunte souveraine.
Ce qui est sûr aussi, c’est que c’est depuis cette époque que calvinistes, catholiques et juifs sont religieusement tolérés au Danemark et admis à y exercer le métier qui leur est permis par leurs talents.
De tout cela résulte une chose essentielle, Charlotte Amélie de Hesse-Cassel, reine de Danemark dès ses vingt ans, mérite un beau nom, celui de « Reine de la Tolérance et du Respect de la Foi de Chacun ».
par Dorte et Henri Dobler
« La Lettre » N°26 de Décembre 2000
« confession méprisée au Danemark »!!
Désolé mais on ne peut pas dire cela. Le Danemark avait comme religion officielle le Luthéranisme et il était interdit aux autres confessions de construire un lieu de culte mais on ne peut pas dire que la religion réformée était « méprisée ».
Merci.