Le 9 avril 2002, plusieurs manifestations vont célébrer le centenaire de la naissance de Théodore Monod, grand scientifique et humaniste, bien connu du public et des protestants. Théodore Monod hésita longtemps entre des études de théologie, suivant en cela les cinq générations de pasteurs qui le précédaient, et des études de sciences naturelles. C’est finalement vers ces dernières qu’il s’orientera définitivement.
Naturaliste universel, véritable encyclopédie vivante, Théodore Monod avait une culture scientifique transversale, à la croisée de toutes les disciplines. Bien que botanistes, géologues et préhistoriens le considèrent souvent comme un des leurs, il était avant tout un zoologiste. Toute sa vie, il réussit à allier l’étude de la faune marine ou d’eau douce, avec l’exploration géologique, botanique et historique des déserts et surtout du Sahara, en particulier de l’Adrar mauritanien. Mer et désert seront les deux horizons scientifiques de Théodore Monod.
Pour avoir connu la totalité du XXe siècle, Théodore Monod a subi tous les graves évènements qui ont marqué cette période et qui l’ont conduit à mener de nombreux combats : contre le nazisme, la guerre d’Algérie, l’arme nucléaire et la guerre en général, contre les agissements de l’homme d’aujourd’hui dans sa volonté d’asservir la nature à son propre profit, sans aucun respect pour la vie. Dans tous ces combats, il a toujours prêché par l’exemple.
Théodore Monod était chrétien, protestant et protestant libéral. Pour lui, cette tendance libérale signifie que la religion est davantage une conduite de vie, le chemin de la lumière vers laquelle l’homme doit se diriger pour atteindre les valeurs essentielles que sont le respect, la tolérance et la raison.
Le Muséum national d’Histoire naturelle a voulu rendre hommage à ce grand scientifique et humaniste du XXe siècle, Professeur au Muséum, en organisant plusieurs manifestations.
Tout d’abord, le 9 avril prochain, à 16h30, sera inauguré un buste en bronze, œuvre d’une artiste de grand talent, Nacéra KAÏNOU. Le Professeur Ivan Assenmacher, l’un de ses collègues de l’Académie des Sciences, a dit : « Nacéra Kaïnou a superbement capté et exprimé dans la matière, le rayonnement ineffable du maître ami, à l’allure simple, à la bonté instinctive, au langage limpide et direct et à la vivacité d’esprit toujours en éveil. Il s’agit bien de Théodore Monod, penseur-veilleur, tel que nous l’avons connu au cours d’échanges sur le fond des choses de la vie, ou bien livré à une méditation solitaire… ». Le soir même, à 20h30, une soirée musicale, entrecoupée de textes et poèmes de Théodore Monod, complètera la journée.
Enfin du 8 mai au 9 septembre 2002, le Muséum présentera au public, dans la Galerie de Minéralogie-Géologie, une vaste exposition sur Théodore Monod. Une première partie déroulera le film de sa vie et évoquera évidemment les nombreux combats qu’il a
menés. Une seconde partie décrira l’incroyable variété des thèmes scientifiques de son œuvre naturaliste, présentée en deux phases, tout d’abord « l’ appel de la mer », puis « l’homme des déserts ». L’exposition sera illustrée de photographies, d’objets, de collections diverses et de documents originaux. Tout au long de l’exposition, nous essaierons aussi de faire ressortir l’humour qui le caractérisait si bien.
Pour conclure, je dirai que Théodore Monod était une des références morales du siècle qui vient de s’achever. Il appartenait à la poignée de ces hommes et de ces femmes qui ont compris ce qu’est l’honneur de l’humanité, l’honneur d’appartenir à une espèce dotée d’intelligence et de raison, et qui, de ce fait, se savent responsables de leurs actes envers les autres, envers les autres espèces et envers la planète sur laquelle nous vivons tous ensemble.
(Emission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger du dimanche 7 avril 2002, sur France-Culture, à 8h25)
Par Jean-Claude HUREAU*
*Jean-Claude Hureau fut l’élève puis le collaborateur de Théodore Monod au Museum. Son livre reprend l’essentiel des documents présentés à l’exposition « Le siècle de Théodore Monod », au Muséum d’Histoire Naturelle, Jardin des Plantes, 18 rue Buffon, à Paris, 8 mai-9 septembre 2002, retraçant les différents aspects de sa vie, de son œuvre scientifique, des premières plongées en bathyscaphe à sa longue quête dans le désert. A la suite d’une souscription, la jeune artiste Nacera Kaïnou a élaboré un remarquable buste de Théodore Monod, impressionnant par la ressemblance, le réalisme de l’expression et du regard qu’elle a su donner au savant qu’elle n’a pourtant connu qu’au travers de films et de photographies… Six bustes ont été tirés, dont l’un placé salle Monod à l’Oratoire (terre) faisant pendant à celui de son grand-père Adolphe, un autre au Museum (bronze), et encore un dans un lycée qui porte son nom.